Enchères : pas de crise pour les objets d'exception

Les ventes aux enchères échapperaient-elles à la crise ? Depuis lundi, plus de 1 000 bijoux et près de 400 montres sont partis en quelques secondes, sous le marteau des commissaires-priseurs des deux grandes maisons Tajan et Artcurial.

« Par rapport au contexte, ça a très bien marché, notait hier, au Café de Paris, Chantal Beauvois, experte en bijoux. Les gros lots ont monté. »

Pour preuve, mardi, un bracelet en or jaune et diamants art déco (lot 39 de Tajan), estimé à 3 500 euros est finalement parti à 7 900 euros.

Le diamant a chuté de 30 %

À 9 200 euros, les boucles d'oreilles Van Cleef & Arpels (lot 150 de Tajan) de Louis van Antwerpen en or jaune, diamants et turquoise, se sont vendues presque trois fois plus cher que leur estimation. À la beauté intrinsèque de l'objet s'ajoute ici une histoire... qui le lie à « Loulou », une des élégantes jadis les plus connues de la Côte d'Azur.

« Les quatre cessions de lundi et mardi derniers montrent le goût des acheteurs pour les beaux objets et reflètent un élan vers l'élégance de l'art de vivre dépassant les fluctuations du marché », constatait hier Artcurial.

Sans compter la dimension symbolique, inestimable par nature, la valeur d'un bijou est également fonction des tendances, du cours des pierres.

Chez Artcurial, Julie Valade, directrice du département bijoux et montres, confiait, à quelques heures de sa première vente : « On a fait attention cette année pour ne pas prendre de risques. On n'a pas cherché les trop grosses parures, ni les trop grosses pierres. L'été dernier, un diamant s'est vendu 1,5 million d'euros. Cinq ou six acheteurs étaient intéressés. Je ne sais pas si ce serait le cas aujourd'hui. »

Il faut avouer qu'« au second semestre 2008, le diamant a chuté de 30 % », note Julie Valade. Un coup dur pour la plus précieuse des pierres précieuses que confirme Chantal Beauvois de la maison Tajan. « C'est vrai que c'est plus dur en ce moment avec les diamants, surtout pour ceux de couleur moyenne. »

Est-ce la raison pour laquelle une jolie petite bague 1930, estimée entre 800 et 1 000 euros, en platine et ornée d'un diamant de 0,7 carat sur une corbeille sertie elle aussi de diamants, est partie à 500 euros ? Toujours hier après-midi, au Café de Paris, une rivière de diamants en platine a été adjugée 12 000 euros, alors que les experts l'estimaient entre 15 000 et 18 000 euros.

Mais au-delà des modes et de la crise, François Tajan d'Artcurial est formel : « le haut de gamme, rétrospectivement, n'est jamais si cher que cela... »

Joëlle Deviras
 
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