Cabinet de curiosités

Vanités, araignées, crapauds… Nos bijoux se parent de leurs plus effroyables atours pour nous incarner dans toute notre fragilité et rendre, paradoxalement hommage à la vie. Notre funeste sélection.

Il y a quelques semaines seulement, le Musée des Arts Décoratifs de Paris accueillait, dans sa collection permanente, deux créations de la jeune joaillière Delfina Delletrez. Une reconnaissance prestigieuse, certes, mais surtout une occasion de dévoiler des joyaux baroques et décalés, hommages à la mort et à un bestiaire fantasmagorique.

Une audace dans un univers où le rêve et le raffinement tendent à célébrer la vie et ses heureux événements ? Pas vraiment, car la joaillerie et la mort vont depuis toujours de paire, nous rappelant, à chaque (mal)heureuse occasion, que nous ne sommes qu'éphémères.

Memento Mori
Un crâne ornemental posé sur une table, une trace apparemment anodine de notre fragilité dans une scène du quotidien… L'école hollandaise du XVIIème siècle avait fait de la mort tout un art : celui des vanités. Leur objectif : nous rappeler notre impermanence et nous encourager par la même occasion à savourer la moelle substantielle de la vie tant que nous en avons encore l'occasion.

Aujourd'hui, la mort, thème éternelle, hante toujours l'esprit des créateurs et se décline sur nos bijoux pour incarner, les plus précieuses des vanités. Design chez
Lorenz Bäumer, presque rococo chez Victoire de Castellane qui parent, pour Dior Joaillerie, ses trépassés royaux de collerettes démesurées, grinçante chez Lydia Courteille qui pense un ronde macabre endiablée, la mort nous pare de son spectre sublime.

Surmonter nos peurs et célébrer la vie
Pourtant, loin de nous accabler d'une certaine résignation, le cabinet de curiosités joaillier devient porteur d'espoir, comme nous l'a d'ailleurs enseigné l'Histoire. Dans l'Egypte Ancienne déjà, le bijou accompagnait le défunt dans sa dernière demeure, se faisait émissaire d'un message à l'au-delà : le vert symbolisait de fertilité, le rouge incarnait le sang. L'accessoire prolongeait la vie… éternellement.

Et si aujourd'hui nos joyaux prennent rarement part à nos rites funéraires, ils viennent, de notre vivant, exorciser nos démons et nos peurs primitives. L'or noir et l'améthyste donnent un nouvel éclat à une palette endeuillée et les mauvaises augures se dévoilent sous un nouveau jour.

Les squelettes jouent la carte de l'humour ou de la démesure chez Delfina Delettrez, tandis que les rôdeurs de nos nuits, araignées ou chauve-souris, se parent, chez Boucheron et Chaumet, de pierres de couleurs pour devenir des outils de séduction et de célébration de l'amour.

La mort et la peur s'affichent de manière ostensible et viennent exacerber notre force de caractère. « Je ne crains rien, ni personne… », semblent revendiquer nos parures tout en célébrant par des pierreries éternelles, les plus doux moments de vie. Finalement, la mort nous va si bien.

Véronique Deiller
 
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L'American dream de Van Cleef & Arpels

L'EXPRESS - 26.10.09

Une collection de haute joaillerie sur le thème de la Californie, une prochaine rétrospective à Tokyo... Cet automne, le bijoutier de la place Vendôme multiplie les voyages.

En 1939, la famille Van Cleef & Arpels ferme son adresse de la place Vendôme et émigre à New York pour échapper au nazisme. Un bureau au Rockefeller Center, un magasin sur la très luxueuse 5e Avenue, puis des succursales à Palm Beach, Beverly Hills... Les Etats-Unis deviennent bientôt la seconde patrie du joaillier français et son marché de prédilection.

Dans le studio de création new-yorkais sont dessinés des modèles exclusifs pour sa riche clientèle d'héritières et de stars, tels ces ballerines ou ce clip fée aux ailes de diamants qu'on dirait échappés d'un film de Walt Disney, acquis en 1944 par Barbara Hutton.

2009: alors que les images de la crise financière ont terni les couleurs du rêve américain, Van Cleef & Arpels célèbre en format Cinémascope et haute joaillerie ses soixante-dix ans de présence sur le sol des Etats-Unis.

Lancée en grande pompe le 15 octobre dernier à Malibu, California Rêverie est donc une sorte de voyage halluciné sur la côte Ouest des années 1960-1970. Un trip imaginaire sur la célèbre nationale n° 1 -où défilent en version bijou panoramique la baie brumeuse de Big Sur, les palmiers de Venice Beach- entrecoupé d'escapades botaniques dans les grands parcs naturels de la région (Yosemite, la Vallée de la Mort, le désert Mojave...).

Alors, pourquoi le Grand Ouest sauvage plutôt que les forêts de gratte-ciel de New York, la easy life californienne plutôt qu'un certain intellectualisme très côte Est? Le roi de la joaillerie narrative et naturaliste s'explique: "Nous voulions sortir de nos grandes thématiques universitaires, l'Atlantide de Platon, Le Songe d'une nuit d'été, de Shakespeare, pour aborder un mythe plus populaire. Il s'agissait aussi de retrouver ce regard optimiste et dénué de cynisme des Américains", explique Nicolas Bos, directeur international de la création de Van Cleef & Arpels.

A travers ces lunettes roses, la nature, sujet fétiche de la maison fondée en 1906, prend donc la pose en format géant. Un grand disque d'opale de près de 100 carats aux feux orangés sur lequel se détachent un palmier en diamants et une mer de saphirs... On frise le cliché de carte postale.

Car, avec ses bijoux composés comme des paysages en 3D, California Rêverie est un hommage à la photographie. Américaine en l'occurrence. William Eggleston et ses couchers de soleil, la beauté sauvage des grands parcs naturels immortalisés par Ansel Adams qui ont inspiré des bracelets panoramiques : vues en mosaïques d'onyx du désert craquelé de la Vallée de la Mort fleuri de cactus ou du lac Tahoe revisité en version psychédélique. Les années 1960-1970, époque de création joaillière particulièrement inventive, ont ainsi servi de base à cette collection riche de 150 dessins. Ressortis des archives du studio new-yorkais: les bijoux aux dimensions XXL comme ces larges manchettes ou ces immenses sautoirs à grosses perles de calcédoine, les associations de pierres dures et fines comme la turquoise avec l'améthyste, le corail et le grenat mandarin.

Les couleurs aussi, plus intenses qu'ailleurs sous la lumière de Californie. Le bleu "Splash" des piscines peintes par David Hockney qui perle au bout d'une paire de boucles d'oreilles, le rose du plumage d'un flamant, de l'orange vibrant, du vert émeraude... "La grande difficulté était de ne pas tomber dans la fantaisie", avoue Nicolas Bos. Mais ces pièces uniques ont lancé aussi des défis techniques à la cinquantaine d'artisans qui travaillent depuis un an à leur réalisation.

Dans les ateliers de la maison, place Vendôme, les opales, que leur nature friable a placées du côté des gemmes maudites, ont donné du fil à retordre aux lapidaires. De ces pierres brutes, il a fallu faire éclore des fleurs évanescentes dans lesquelles vient butiner un colibri précieux, faire surgir le corps d'un toucan de ce bloc d'onyx. "Cela faisait longtemps que nous n'avions pas sculpté des pierres ornementales dans des formes si complexes. Ce qui nous a valu pas mal de casse", raconte Nicolas Bos. Mais en attendant le retour de la collection à Paris, au printemps prochain, Van Cleef & Arpels s'évade déjà vers Tokyo. Ainsi, le Mori Arts Center accueillera du 31 octobre 2009 au 17 janvier 2010 une grande rétrospective (plus de 250 pièces exposées) dédiée au joaillier. Le prélude à une prochaine rêverie orientale?

Charlotte Brunel

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Urban Jewelry, Bijoux Made in Street de Liesbeth Bussche

 
Afin de promouvoir l'exposition de bijoux What's news ? à découvrir à Tielrode, en Belgique; la designer Liesbeth Bussche a transformé les rues de la ville en une véritable vitrine de joaillerie urbaine… Terriblement malin!

Afin de communiquer sur son exposition What's News? réunissant quelques talentueux créateurs de bijoux, la galerie belge Sofie Lachaert s'est offert les folies marketing de la designer Liesbeth Bussche.

L'urban Jewelry s'est ainsi imposée dans les rues de Tielrode, en Belgique, où la designer a choisi d'exposer des bijoux géants un peu partout, pour éveiller à souhaits, la curiosité des passants. Boucles d'oreilles à pousettes XXL sur les trottoirs, panneaux de signalisation déguisés en badges, chaines de travaux scellées par des fermoirs à ressorts, ou habillées de pendentifs déjantés, pâtés de sables bijoutés sur les chantiers…

Des manifestations hors du commun, qui apportent au bijou d'habitude si précieux, un petit côté street chic vraiment délicieux…

À savourer à quelques coins de rues…

Clementine

©2009 Made In Joaillerie. Tous droits réservés.

Le marché mondial du luxe devrait progresser de 1% en 2009

Le marché mondial du luxe devrait connaître une timide reprise en 2010, après une baisse moins forte que prévu en 2009 grâce à la dynamique chinoise, selon la dernière étude annuelle du cabinet Bain & Co consacrée au secteur du luxe.

Alors qu'il anticipait, en avril dernier, une baisse de 10% du marché mondial pour 2009, Bain estime aujourd'hui que le recul devrait être limité à 8% à taux de change courants, grâce à la croissance des ventes en Chine continentale, qu'il évalue à 12% cette année.

L'essor des ventes sur internet, estimé à 20%, a également joué de façon positive, bien que la distribution en ligne ne représente qu'une très faible part (moins de 3%) des ventes totales.

"Les marchés du luxe se stabilisent. Nous observons moins de rabais et plus de signes d'amélioration de la confiance des consommateurs", souligne Claudia D'Arpizio, associée du cabinet de conseil en charge de l'étude.

Bain & Co estime que les premiers signes d'une reprise du marché devraient intervenir avant la fin de l'année, anticipant une baisse limitée à 1% sur un an pour les ventes du luxe au quatrième trimestre.

Mais le véritable retournement ne devrait pas intervenir avant 2011, avec des ventes en hausse de 4,2% au niveau mondial.

En 2009, les ventes dans la région Asie-Pacifique hors Japon devraient augmenter de 10%, soit une progression légèrement plus élevée que celle de 2008 (+9,0%) mais bien inférieure aux 16% de 2007.

Dans la région, la Chine reste le marché à plus forte croissance, bien qu'en retrait par rapport aux 30% de 2008.

En Amérique du nord, qui représente près du tiers du marché mondial, les ventes devraient plonger de 16%, tandis qu'en Europe (38% du marché) et au Japon (12%), elles devraient reculer de 10% et 8,0% respectivement.

En termes de produits, les montres et la joaillerie devraient être les plus touchées cette année, avec une baisse estimée à 18%, suivie par les vêtements (-11%).

En revanche, les ventes de sacs, chaussures et accessoires, dont les prix sont plus accessibles, devraient mieux résister et reculer de seulement 1%, tandis que celles des parfums et cosmétiques devraient baisser de 4%, sous l'effet de la baisse du marché haut de gamme au profit de produits meilleur marché.

Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot

©2009 Le Nouvel Observateur. Tous droits réservés.

« Le prix des diamants de très belle qualité n'a pas baissé »

Pour le président de Christie's Europe, les pierres précieuses sont devenues des éléments d'un patrimoine.

Dans quelques jours se tiendront à Genève, New York et Hong Kong les grandes ventes de bijoux d'automne. Le 21 octobre, François Curiel, président de Christie's Europe, tiendra le marteau de Christie's à New York pour une vente au cours de laquelle le fameux diamant de 32,01 carats de la famille Annenberg (estimé de 3 à 5 millions de dollars) sera proposé. Avant de s'envoler pour ce grand rendez-vous, il a répondu à nos questions.

Le Figaro Magazine - Comment abordez-vous cette vente ?

François Curiel - Plutôt sereinement. J'étais inquiet au début de l'année et je dois vous avouer que j'avais assez mal dormi la nuit précédant la première grande vente du printemps. Mais le marché du diamant est extrêmement résistant. Les prix des pierres rares de grande qualité n'ont pratiquement pas varié en un an, elles se vendent quasiment au même niveau qu'au sommet du marché, au printemps 2008. En décembre 2008, le fameux diamant bleu Wittelsbach de 35,36 carats a été acheté à la surprise générale 24,3 millions de dollars, un record mondial pour une pierre. Et, alors que la crise financière battait son plein, les ventes de Genève et Hong Kong, elles aussi, se sont bien déroulées. Tout cela en grande partie grâce aux collectionneurs russes, chinois et moyen-orientaux, et au retour d'acheteurs traditionnels européens et américains.

Le marché évolue pourtant à plusieurs vitesses.

C'est vrai. Dans les ventes aux enchères, les résultats obtenus par des pierres de moindre qualité sont redescendus à leur niveau de 2006-2007. Pour les acheteurs qui veulent investir quelques milliers d'euros, il est possible actuellement de faire de bonnes affaires. Ce qui frappe, c'est aussi le manque de diamants de qualité sur le marché. Les propriétaires de bijoux préfèrent probablement les conserver, pensant que le marché sera plus porteur dans un an ou deux. Le krach boursier n'a pas entraîné un volume beaucoup plus élevé de ventes. L'affaire Madoff a certes drainé des pièces vers les maisons de vente, mais cela reste marginal. Globalement, au premier semestre, le chiffre des ventes aux enchères de bijoux a ainsi chuté de 50 % par rapport au premier semestre 2008. C'est un phénomène difficile à expliquer, sauf par le fait que les collectionneurs préfèrent conserver leurs biens sous forme de pierres et de bijoux, plutôt qu'en argent liquide.

Les pierres sont-elles des éléments de diversification d'un patrimoine ?

Pendant longtemps, on achetait bijoux et pierres précieuses avant tout pour faire un cadeau à un être aimé. Comme les objets d'art, ils ne rapportent rien et peuvent s'avérer coûteux à conserver (assurance, restauration...). Aussi, n'étaient-ils pas considérés comme des placements car, contrairement aux actions et aux obligations, leur marché n'était pas liquide. Ajoutez à cela un phénomène de mode et peu de conseillers financiers recommandaient ce type de placements. Depuis quelques années, le marché est global, et l'arrivée de nouveaux acheteurs issus des pays émergents a bouleversé les raisonnements. Aujourd'hui, les bijoux, les pierres comme les objets d'art sont considérés comme des éléments d'un patrimoine. Beaucoup de chefs de famille prévoyants consacrent 10 à 15 % de leurs avoirs financiers à des objets d'art ou à des bijoux.

Quels conseils donner à un investisseur ?

Il est difficile de conseiller quelqu'un dans l'absolu et de l'orienter vers tel ou tel bijou. Il faut parcourir les expositions, aiguiser son œil, interroger les experts, parler avec les joailliers et préparer son achat. Ce qui fait le prix d'un diamant, c'est un délicat cocktail entre sa valeur intrinsèque - couleur, pureté, poids et taille - et aussi sa provenance. Pour la petite histoire, notre estimation de 3 millions de dollars pour le diamant Annenberg de 30 carats ne tient pas compte de sa provenance. C'est l'acheteur et les sous-enchérisseurs qui vont décider de la valeur ajoutée par le nom Annenberg.

Jean-Bernard Litzler et Carole Papazian

©2009 Le Figaro. Tous droits réservés.

Les géants du luxe assument leurs délocalisations

Chez les géants français du luxe, la délocalisation est encore un sujet tabou. C'est beaucoup moins vrai chez leurs homologues américains ou italiens qui, eux, assument, plus volontiers, de telles pratiques.

Ce phénomène tend à s'accélérer, surtout pour les lignes de prêt-à-porter ou les accessoires. Le maroquinier américain Coach n'en fait pas mystère : ses sacs à main sont fabriqués en Chine et en Inde. Calvin Klein sous-traite en Asie. Les polos Tommy Hilfiger et Ralph Lauren sont cousus en Indonésie. La liste est longue. Chez les italiens, Prada crée une partie de sa maroquinerie en Turquie. Armani recourt à des sous-traitants d'Europe de l'Est et de Chine. Le britannique Burberry fabrique ses trenchs au Royaume-Uni mais ses polos en Chine. Enfin, le maroquinier Mulberry n'a gardé qu'un tiers de sa production outre-Manche.

 "Il existe deux types de délocalisations, l'une pour trouver un savoir-faire qui n'existe plus ailleurs - la fabrication des chaussures ou de la maroquinerie en Italie, des montres en Suisse, des broderies en Inde ou la soie en Chine - et l'autre pour rechercher des économies là où le prix de la main-d'oeuvre est très faible, dans la zone Euromed ou l'Asie", explique Nicolas Boulanger, responsable du secteur luxe de la société d'études Eurostaf. "Les tee-shirts se font n'importe où, ce n'est pas vrai pour les produits à haute valeur ajoutée", ajoute-t-il.

"Est-ce qu'on demande à Renault où ses voitures sont fabriquées ?", s'insurge Elisabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert, qui regroupe les soixante-dix principales maisons de luxe françaises. Dans un contexte globalisé, elle constate qu'il serait parfois absurde d'être arc-bouté sur le "100 % made in France". Le Comité Colbert privilégie les emplois, le savoir-faire français et la notion de maîtrise d'oeuvre du style. En clair, davantage le "made in Hermès, Chanel, ou encore Dior" que le "made in France".

A l'Institut français de la mode, le discours est beaucoup plus radical. "On court au désastre si le luxe est délocalisé hors de France", affirme Evelyne Chaballier, directrice des études économiques et prospectives. "Il ne reste pas beaucoup de sous-traitants dans le luxe, entre 100 et 150 entreprises. Il en va de 6 000 emplois, qui n'affectent pas la marge de ces groupes." Car, paradoxalement, le prix des produits délocalisés demeure inchangé dans le luxe, souligne Maxime Koromyslov, professeur assistant de l'INC Business School de Nancy.

Certains groupes haut de gamme cultivent farouchement le "made in France", en tant que valeur et sésame à l'exportation. Chanel affirme produire exclusivement en France. La maison créée par Coco Chanel a racheté sept fournisseurs (un plumassier, un parurier, un brodeur, un bottier...) depuis 1997 pour conserver son savoir-faire. Ce n'est que quand son brodeur, François Lesage, ne peut assurer toutes les commandes en prêt-à-porter, que Chanel sous-traite en Inde.

Hermès assure que le souci est de "rechercher le meilleur savoir-faire", en France ou à l'étranger, en Angleterre pour les chaussures Lobb, en Suisse pour l'horlogerie. Les carrés de soie sont dessinés, colorés, tissés, imprimés et ennoblis en Rhône-Alpes. Mais c'est à Madagascar, reconnu pour son travail d'aiguille, qu'ils sont souvent "roulottés" (roulés pour faire l'ourlet). Une opération qui représente moins de 5 % du prix de revient d'un foulard. Mais "la production des objets Hermès reste très majoritairement française". Le groupe possède vingt-deux manufactures et emploie 4 000 personnes en France, un effectif en constante augmentation.

Si l'idée même d'une délocalisation semble se dédramatiser, c'est aussi parce que le savoir-faire et la qualité de production s'affirment ailleurs. Les costumes pour homme de Valentino sont réalisés par des petites mains égyptiennes, ceux de Hugo Boss en Turquie. Ceux de Kenzo et de Givenchy (LVMH) ont aussi quitté la France pour la Chine ou l'Europe de l'Est. Le numéro un mondial du luxe, LVMH, assure que moins de 1 % de son chiffre d'affaires est réalisé hors de France, d'Italie ou d'Espagne (berceau de la marque Loewe). Tous les sacs Dior viennent d'Italie. Comme la quasi-totalité des chaussures du groupe. Seule la "tige" de certains souliers (la partie supérieure qui enveloppe le pied) griffés Louis Vuitton est faite à Pondichéry, en Inde. Confrontée à des problèmes de sous-traitance en Chine, Céline, autre filiale de LVMH, a rapatrié une partie de sa fabrication. Tout en menant une forte politique de délocalisation en Europe, LVMH a contribué, ces dernières années, à créer de nombreux emplois en France.

Pragmatique, Gucci Group (PPR) choisit ses lieux de fabrication là "où le standard de qualité est le plus élevé". En Italie pour Gucci, Bottega Veneta ou Sergio Rossi et Alexander McQueen. Mais "pour Stella McCartney, les consommateurs ne sont pas à cheval sur le lieu de fabrication". Le prêt-à-porter vient d'Italie, de Hongrie et du Portugal et la lingerie de Chine.

Dans le domaine très secret de la joaillerie, Mauboussin n'a pas été le premier à délocaliser partiellement sa fabrication en Asie, où l'on retrouve d'autres grands noms, comme Tiffany ou Cartier.

Le frein principal aux délocalisations est le lien de proximité nécessaire entre création et production, ou encore la difficile gestion à distance du contrôle qualité. Ce qui milite, de fait, pour le "made in France".

Nicole Vulser
 
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LUXE - La carte de l'éthique

 
Les principes du développement durable, voire du commerce équitable, sont de plus en plus appliqués par les grandes marques.

«Qui a encore envie de dépenser des milliers de francs pour le produit d'une marque sale?» Cette question a été posée dans un rapport du WWF, intitulé Deeper Luxury. Il se base sur plusieurs enquêtes parmi les consommateurs de produits de luxe et montre combien leurs valeurs ont évolué en ce début de XXIe siècle. «S'afficher avec un objet d'une grande marque, que ce soit un sac, une montre ou un bijou, symbolise toujours le succès et la réussite. Mais cette réussite ne peut plus provenir de l'exploitation de la nature ou des hommes. Elle doit intégrer les valeurs du développement durable, sur le plan social et environnemental.» Cette évolution a non seulement lieu en Occident, mais également dans les pays asiatiques, où les jeunes générations sont nettement plus soucieuses d'éthique que leurs aînés.

L'opposition classique entre des consommateurs de luxe, égoïstes et hédonistes, peu soucieux des autres et de l'environnement, appartient donc au passé. «Mes clients sont de plus en plus informés, notamment grâce à des films comme Blood Diamond, observe Veerle van Wauwe, fondatrice de Transparence SA à Genève, une bijouterie spécialisée dans les produits éthiques. Ils posent de nombreuses questions et veulent savoir d'où vient le diamant qu'ils vont offrir à leur femme.» Charles Chaussepied, directeur conseil de Piaget, ajoute: «Le luxe symbolise la rareté, l'excellence et le savoir-faire. On ne peut pas parler d'excellence en faisant n'importe quoi par derrière. C'est une question de logique et de relation de confiance avec nos clients.»

Ces dernières années, les grands groupes de luxe ont beaucoup investi afin de produire plus éthiquement. C'est le cas notamment de LVMH, qui fait figure de pionnier dans le domaine de l'environnement. «Nous avons saisi le problème à plusieurs niveaux, explique Sylvie Benard, directrice de l'environnement chez LVMH. Nous avons passé au crible tous nos procédés de fabrication, la traçabilité de nos matières premières, réglé les problèmes de logistique et de transport. Nous avons également beaucoup investi dans la formation de nos employés. Tout cela est indispensable car cela crée un lien de confiance avec nos clients, qui peuvent être fiers de porter nos marques.»

Du côté de Piaget (groupe Richemont), on s'est également lancé à la traque des émissions de CO2, du gaspillage de l'eau et de l'excès de déplacements des employés. «Nous sommes maintenant quasiment neutres en CO2», annonce fièrement Charles Chaussepied. Mais la plus importante bataille de l'entreprise reste celle de la traçabilité des pierres précieuses. «Nous faisons partie de plusieurs organisations afin de remonter toute la chaîne de production le plus efficacement possible. Nous avons signé la convention de Kimberley pour le diamant, mais nous souhaitons appliquer les mêmes principes aux autres pierres précieuses.»

Malgré ces exemples, d'autres marques peinent à intégrer des valeurs éthiques dans leur processus de production. Lors des dernières éditions de Baselworld, plusieurs ONG ont régulièrement dénoncé les conditions de travail des polisseurs de pierre, de même que des mineurs. «Il existe certaines conventions, mais il y a encore trop de trafic illégal», rapporte Danièle Gosteli de Amnesty International. L'organisation critique avant tout la passivité et l'attentisme de certaines marques. «Celles-ci ternissent l'image de notre profession, conclut  Veerle van Wauwe, qui a donné plusieurs conférences sur ce thème à Baselworld. Améliorer la traçabilité des pierres et les conditions de mineurs n'est pourtant ni très coûteux, ni très difficile. Cela demande avant tout du courage et de la volonté. Je crois sincèrement que l'industrie du luxe a beaucoup à gagner à intégrer des valeurs éthiques. Il en va de son avenir et de sa crédibilité.»

Geneviève Ruiz

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Brussels Jeweler’s Fair 2009, des Bijoux en Show D’hiver

 
Consacré aux créateurs de bijoux de tous pays et tous horizons, le Brussels Jewelers's Fair accueillera du 9 au 13 décembre 2009, des bijoux pas comme les autres… Coups de cœur d'aujourd'hui et de demain, préparez-vous à découvrir, des créateurs plein d'avenir!

Ouvert à tous les créateurs, contemporains et surtout internationaux, le Brussels Jeweler's Fair qui aura lieu début décembre prochain, promet d'être un salon de taille!

Représentés par des galeries, ou tout simplement par eux-même, les créateurs mis en avant sur le salon, proposerons leurs actualités et dernières créations. De la joaillerie à la fantaisie, tous les corps de métiers touchant au bijou seront célébrés, toujours en pièces uniques ou séries très limitées.

Et pour pimenter ce salon, des conférences seront données, mais également, un concours est organisé. Déjà ouvert à tous, il permet aux jeunes créateurs de proposer une création personnelle, une pièce d'exception qui traduira leur savoir-faire, leurs influences, leur créativité… Et pour plus de liberté, il n'y a même pas de thème donné! Mais dépêchez-vous, clôture du concours le 30 octobre… À vos chevilles!

C'est ainsi et pour toutes ces raisons, que nous attendons avec impatience ce Brussels Jeweler's Fair, afin de découvrir, encore et toujours; les talents de demain

Si vous souhaitez plus de renseignements ou tout simplement vous inscrire au concours, laissez-nous vos commentaires, nous répondrons au plus vite!

Brussels Jeweler's Fair
Du 9 au 13 décembre 2009.
Ouverture au public: 10h30 à 19h.

Indigo Studios
Avenue Van Volxem 388
B- 1190 Brussels

Clementine

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Le must: la bague en iridium

Une bague en or, ouais, sympa. En platine, plus classe. Non, le truc en 2010 c'est la bague en iridium. Nous sommes véritablement entrés dans le siècle du heavy metal.
Dur, lourd et cassant, l'iridium appartient à la famille des platines. C'est aussi l'un des métaux connus les plus résistants à la corrosion et votre bague en iridium ne risque pas de ternir.
Utilisé comme agent durcissant du platine, on le trouve aussi à l'état naturel en alliage (avec l'osmium) dans le platine. L'iridium est extrêmement résistant aux hautes températures, beaucoup plus que l'or et le platine, ce qui le rend également plus difficile à travailler. 
Pour certains l'iridium aurait une origine extra-terrestre (apporté par les comètes) pour d'autres il serait d'origine volcanique, le noyau terrestre en contenant de grosses quantités. Il paraîtrait que le Piton de la Fournaise, sur l'île de la Réunion, en recracherait d'ailleurs.
La bague illustrée ci-dessus a été réalisé par American Elements, une société basée à Los Angeles, qui travaille avec la NASA et qui, donc, possède les équipements nécessaires pour fondre l'iridium. Pour 6 mm d'iridium pur autour du doigt, comptez 2530 dollars.
Ah, votre bague en iridium est également très résistante aux attaques acides... donc vous pourrez plonger vos mains en toute confiance et sans besoin d'enlever la bague dans tous vos bains d'acide, elle ne risque rien (non, sérieusement, ne faites pas ça).
 
Cyril Fussy
 
©2009 Le Blog Luxe. Tous droits réservés.

JOYA, le salon de joaillerie or, argent et horlogerie le plus important d’Amérique Latine

 
Organisé par la Chambre de Joaillerie de Jalisco (Mexique), JOYA est un salon professionnel qui regroupe la qualité, la sécurité, l'innovation et la concurrence saine.

Durant ces dernières années, les niveaux de participation des entreprises joaillières à JOYA se sont surpassés. Cette croissance reflète la volonté des sociétés exposantes de montrer leur capacité et leurs efforts en terme d'innovation ayant pour but de donner encore plus d'importance à l'activité commerciale de l'industrie joaillière. Ainsi, il s'agit pour les exposants d'une opportunité de générer de nouvelles idées et de mettre en place de nouveaux objectifs.

JOYA représente une excellente plate-forme commerciale où les grossistes et semi- grossistes pourront découvrir dans un même lieu des produits de joaillerie finis en or et argent, de l'horlogerie, de l'industrie technique et des pierres.

-    Plus de 300 exposants
-    Plus de 12 000  mètres carrés d'exposition et vente.

Le salon se divise en plusieurs pavillons:
-    Pavillon de la joaillerie en or
-    Pavillon de la joaillerie en argent
-    Pavillon du design
-    Pavillon international
-    Artisanat de Jalisco

De plus, vous pourrez assister à:
-    Des conférences
-    Des défilés

HISTOIRE DE JOYA

Ayant pour objectif de consolider l'industrie joaillière de l'Etat de Jalisco, JOYA est né en octobre 1983 avec la participation de 65 exposants. Après 40 éditions, il s'est converti en un brillant événement pour designers, fabricants et orfèvres de Jalisco – Mexique - et du monde entier. De plus, c'est une extraordinaire plate-forme de commercialisation pour les entreprises nationales et étrangères de joaillerie or et argent, pierres précieuses et semi-précieuses et industrie technique.

Deux décennies d'histoire qui reflètent une tradition et un engagement confirment que JOYA est le Salon International le plus important d'Amérique Latine.


HORAIRES D'ENREGISTREMENT POUR LES ACHETEURS:
- Lundi 5 de octobre: De 12h00 à 18h00.
- L'exposition et la vente de produits commencent le mardi 6 octobre.
 
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Parures d'homme


Bague, bracelet, pendentifs : le port du bijou n'est plus une exclusivité féminine. A notre image, les hommes s'affirment désormais par le joyau. Un trésor très révélateur.

Il fut un temps où la parure faisait l'homme… Qu'ils aient été rois, nobles ou empereur, tous, de Charlemagne à Napoléon, affichaient ostensiblement leur puissance par le bijou. Des boucles d'oreilles aux chaînes en passant par l'ornementation des costumes, la joaillerie était (aussi) une affaire d'hommes. Une tradition que les hommes orientaux ont précieusement préservée mais que leurs homonymes occidentaux se sont empressés de négliger...

Sont-ils ensuite devenus plus réservés ou plus confiants ? Difficile de savoir pourquoi ils ont progressivement reléguer le bijou au rang d'attribut féminin. Mais une chose est aujourd'hui certaine : les hommes n'ont plus peur de se parer, à l'immense bonheur des grandes maisons et des petits créateurs.

L'indispensable accessoire
Mais quel rôle jouent véritablement nos bijoux ? Selon l'ethnopsychologue Patrizia Ciambelli, nos parures n'ont rien d'accessoire. Au contraire, elles participent à notre construction identitaire. Témoin de notre vie, le bijou atteste des  grandes étapes de notre évolution, nous rappelle que nous avons grandi, seul ou accompagné…

Une incarnation de soi que l'homme aussi a s'approprier. Pudiquement d'abord. Loin de toute affirmation ostensible, les grandes maisons ont donc pensé des lignes sobrement unisexes. Des pendentifs contemporains de Bulgari aux liens en cuir et or de Vhernier en passant par les boucles de ceinture très Dandy de  Chaumet, les joailliers du Triangle d'Or semblent avoir accordé leurs violons : la parure est design et peut être portée par Madame comme par Monsieur. Un lien privilégié pour attester d'un parcours à deux ? Peut-être. En tout cas, une chose est sûre : dès lors qu'il s'en sent le courage, l'homme peut briller aux yeux de l'autre.

S'imposer ou brouiller les pistes
Car le bijou est bel et bien le moyen de nous raconter… et de partager, quand on est homme, ce sens de l'humour, de la dérision et de la fantaisie que l'on convoite tant.

Des parachutes dorés en guise de boutons de manchette chez Hélène Courtaigne Delalande, des bagues effilées chez Dinh Van ou prédatrices chez Thomas Thorp : l'homme se joue du quotidien, affirme son indépendance, son libre-arbitre, dédramatise le port du bijou par l'accessoire décalé.

Et quand il veut garder son mystère, il n'hésite plus à verser dans un précieux mysticisme. Le pic à cravate squelettique de Lorenz Baümer, les pendentifs angéliques de Lydia Courteille, les bagues tentatrices de Marchak… La parure masculine brouille à la fois les codes de la joaillerie politiquement correcte et les pistes de nos personnalités. L'homme se grime et intrigue, le bijou, quant à lui, devient l'accessoire de toutes les séductions.

Véronique Deiller

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La mystérieuse «pierre de Tanzanie» ne vaut pas grand chose

La «pierre de Tanzanie», une gemme évaluée à un prix record qui constituait le principal actif d'une entreprise britannique de BTP en faillite, s'est avérée n'être qu'un spécimen sans grande valeur, ont révélé les administrateurs en charge de la société.

Le cabinet Ernst & Young, chargé de vendre les actifs du groupe de BTP Wrekin pour rembourser ses créanciers, avait découvert en mars qu'une mystérieuse pierre précieuse était la principale possession de l'entreprise, et avait été inscrite dans ses comptes avec une valeur estimée à 11 millions de livres (environ 19 millions de dollars), soit plus du tiers du total de ses actifs.

Aussitôt, la révélation de l'existence de cette pierre avait déchaîné les passions, en particulièrement parmi les spécialistes des rubis, qui n'avaient jamais entendu parler d'un tel joyau, le rubis le plus cher de l'histoire s'étant vendu 3,6 millions de dollars seulement en 2006.

La pierre avait été donnée à Wrekin lors de son rachat par un investisseur, qui avait reçu en échange des actions d'un montant équivalent.

Mais après avoir procédé à de très sérieuses vérifications, les administrateurs d'Ernst & Young ont conclu que ce «rubis naturel», pesant 2,14 kg, n'était pas «d'une qualité suffisante» pour être taillé.

Et le quotidien Financial Times, qui avait été le premier à s'intéresser à ce mystérieux rubis, a affirmé que la pierre pourrait ne valoir en fait qu'une centaine de livres ou d'euros, et que les maisons d'enchères prestigieuses avaient toutes refusé de l'inscrire à leur catalogue.

Du coup, Ernst & Young a du se résoudre à en confier la vente à GVÀ Grimley, une société spécialisée dans la revente de matériel industriel. Celle-ci a déjà affiché la pierre sur son site Internet, aux côtés d'un engin agricole et d'une rotative.

Et Ernst & Young a indiqué qu'il ferait passer une annonce dans Rock & Gem, un magazine britannique dédié aux collectionneurs de minéraux et autres amateurs de pierres aux propriétés «magiques».

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