Parures d'homme


Bague, bracelet, pendentifs : le port du bijou n'est plus une exclusivité féminine. A notre image, les hommes s'affirment désormais par le joyau. Un trésor très révélateur.

Il fut un temps où la parure faisait l'homme… Qu'ils aient été rois, nobles ou empereur, tous, de Charlemagne à Napoléon, affichaient ostensiblement leur puissance par le bijou. Des boucles d'oreilles aux chaînes en passant par l'ornementation des costumes, la joaillerie était (aussi) une affaire d'hommes. Une tradition que les hommes orientaux ont précieusement préservée mais que leurs homonymes occidentaux se sont empressés de négliger...

Sont-ils ensuite devenus plus réservés ou plus confiants ? Difficile de savoir pourquoi ils ont progressivement reléguer le bijou au rang d'attribut féminin. Mais une chose est aujourd'hui certaine : les hommes n'ont plus peur de se parer, à l'immense bonheur des grandes maisons et des petits créateurs.

L'indispensable accessoire
Mais quel rôle jouent véritablement nos bijoux ? Selon l'ethnopsychologue Patrizia Ciambelli, nos parures n'ont rien d'accessoire. Au contraire, elles participent à notre construction identitaire. Témoin de notre vie, le bijou atteste des  grandes étapes de notre évolution, nous rappelle que nous avons grandi, seul ou accompagné…

Une incarnation de soi que l'homme aussi a s'approprier. Pudiquement d'abord. Loin de toute affirmation ostensible, les grandes maisons ont donc pensé des lignes sobrement unisexes. Des pendentifs contemporains de Bulgari aux liens en cuir et or de Vhernier en passant par les boucles de ceinture très Dandy de  Chaumet, les joailliers du Triangle d'Or semblent avoir accordé leurs violons : la parure est design et peut être portée par Madame comme par Monsieur. Un lien privilégié pour attester d'un parcours à deux ? Peut-être. En tout cas, une chose est sûre : dès lors qu'il s'en sent le courage, l'homme peut briller aux yeux de l'autre.

S'imposer ou brouiller les pistes
Car le bijou est bel et bien le moyen de nous raconter… et de partager, quand on est homme, ce sens de l'humour, de la dérision et de la fantaisie que l'on convoite tant.

Des parachutes dorés en guise de boutons de manchette chez Hélène Courtaigne Delalande, des bagues effilées chez Dinh Van ou prédatrices chez Thomas Thorp : l'homme se joue du quotidien, affirme son indépendance, son libre-arbitre, dédramatise le port du bijou par l'accessoire décalé.

Et quand il veut garder son mystère, il n'hésite plus à verser dans un précieux mysticisme. Le pic à cravate squelettique de Lorenz Baümer, les pendentifs angéliques de Lydia Courteille, les bagues tentatrices de Marchak… La parure masculine brouille à la fois les codes de la joaillerie politiquement correcte et les pistes de nos personnalités. L'homme se grime et intrigue, le bijou, quant à lui, devient l'accessoire de toutes les séductions.

Véronique Deiller

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