" Dans la vie, il n'y a pas que l'argent... il y a les fourrures et les bijoux. ", dixit Elisabeth Taylor. Elle aurait pu être Romanov ! De Maria Pavlovna à la grande duchesse Vladimir, en passant par Maria Feodorovna, et les princesses Youssoupov et Paley, toute l'aristocratie russe est à l'origine des commandes les plus extraordinaires faites à la maison Cartier. Le joaillier ira même ouvrir une succursale à Saint Petersbourg en 1907, à la demande de l'impératrice. Il expose cet été à Monaco vingt-et-un des pièces exceptionnelles créées entre 1904 et 1928 au sein d'une exposition consacrée à la Grande Russie au temps des Romanov. Documents d'archives et photographies enrichissent cet inventaire précieux d'une époque faste et témoignent que les liens entre la maison française et la Russie ne datent pas d'hier. Voilà qui devrait réjouir les nouveaux Russes en quête de chic...
Des bijoux pour le souvenir
Une chope à bière en Or Massif
Le fabricant japonais Ginza Tanaka, connus pour ses réalisations en or massif, vient de sortir une collection d'art de la table pour cet été.
Côte d`Ivoire: hausse de la production de diamants malgré l`interdiction
Le Conseil de sécurité des Nations unies a interdit en octobre l'exportation des diamants ivoiriens en tant que sanction destinée à inciter la Côte d'Ivoire à organiser des élections libres et justes.
Mais en avril, une équipe des Nations unies a découvert que la Côte d'Ivoire continuait de produire des "diamants de guerre" malgré cette interdiction, une réalité constatée également par une équipe d'experts du processus de Kimberley, également en visite dans le pays, a précisé M. Esau aux journalistes.
Le processus de Kimberley vise à éliminer du marché mondial le commerce illégal des pierres précieuses pour le financement des conflits.
"Les images satellite fournies par le groupe des Nations unies montrent que la production de diamants bruts continue et augmente, et cela a été prouvé par les observations sur le terrain effectuées par les experts du groupe de travail du processus", a expliqué M. Esau.
Il a précisé que le processus de Kimberley soutenait la création d'un groupe de travail régional afin d'amener la Côte d'Ivoire à se mettre en conformité avec l'interdiction.
"Nous avons ensuite discuté de la possibilité d'une action complémentaire et d'un engagement constructif du processus pour mettre fin à la sortie en contrebande des +diamants de guerre+ de Côte d'Ivoire", a encore indiqué M. Esau.
Un scrutin présidentiel doit avoir lieu le 29 novembre en Côte d'Ivoire qui doit mettre un point final à la crise politique qui affecte le pays.
Le camp du président Laurent Gbagbo et l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), qui contrôle le nord du pays depuis son coup d'Etat manqué de 2002, ont signé en mars 2007 à Ouagadougou un accord de paix, complété fin 2008, qui prévoit la réunification du pays et l'organisation d'élections libres et transparentes.
Harry Winston: 9 personnes déférées
Un diamant fabriqué à partir des cheveux de Miss Russie en visite à Québec!
de Québec, le public d'ici peut désormais commander un diamant et même admirer la pierre créée à base des cheveux de Victoria Lopyreva, Miss Russie 2005. En effet, ce diamant jaune de 0.45 carat, d'une valeur de 8 600 $, passera les deux prochaines semaines à Québec avant d'être vendu lors d'un encan caritatif qui se tiendra en Europe cet automne.
Disponible en quatre couleurs, de 0.2 à 1 carat et dans une variété de coupes, un diamant Augenstern possède les mêmes caractéristiques sur le plan optique, chimique et physique qu'un diamant extrait d'une mine située n'importe où dans le monde; un diamant étant du carbone pur cristallisé. La grande différence entre un diamant Augenstern et un diamant d'une mine réside dans sa fabrication. Le premier, créé en laboratoire, n'a besoin que de quelques semaines pour se développer, alors que le second, provenant d'une mine, a nécessité plusieurs millions d'années pour se former.
Anvers, carrefour mondial du diamant, perd de son éclat avec la crise
"L'activité a baissé de 20, 30%": les diamants sont peut-être éternels, mais à entendre Dany Meylemans, patron d'un atelier de taille à Anvers en Belgique, capitale mondiale de cette pierre précieuse, même eux résistent mal à la crise.
Dans son atelier, neuf salariés, la loupe toujours à portée d'oeil, polissent de minuscules facettes sur des pierres d'à peine un centimètre de diamètre. Chacune d'elles demande deux à quatre semaines d'un travail d'extrême précision, auquel les diamants doivent beaucoup de leur valeur.
Depuis l'été 2008, M. Meylemans constate une demande plus faible pour les pierres les plus précieuses. "Pour nous, la crise a commencé avant la chute des Bourses", dit-il.
Sur les quatre premiers mois de 2009, les importations de diamants bruts à Anvers ont plongé de 45% et les exportations de 30%. Pour les pierres taillées, les reculs atteignent 32% et 28%. Un choc pour une ville qui voit passer 80% des diamants bruts négociés dans le monde et 50% des taillés.
Certes les diamantaires, reconnaissables à la mallette sécurisée accrochée à leur ceinture par une chaîne, arpentent toujours les quelques rues du quartier diamantaire, où se sont installés depuis le XVIe siècle ateliers, bureaux de négociants, banques et Bourses spécialisées. Sous l'oeil vigilant des caméras de sécurité.
Mais à la Bourse diamantaire, traditionnel lieu de rendez-vous, les tables sont presque vides. Dans un des grands laboratoires de certification des diamants, beaucoup d'experts brillent aussi par leur absence.
Le secteur a dû demander une garantie de 200 millions d'euros au gouvernement régional flamand.
Mais ce coup de pouce reste minime face aux 42 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel de la place, qui ne connaît "pas d'énorme danger", assure Freddy Hanard, président du Antwerp World Diamond Centre (AWDC), l'organisation représentative de la place diamantaire.
"La crise est là" mais "Anvers résiste très bien", affirme-t-il.
Il reconnaît quand même: "En janvier, il n'y avait plus de marché. A un moment, tout le monde a eu peur. Même peur de vendre, car on n'était pas sûr d'être payé."
Mines arrêtées au Botswana, baisse de production de 91% au premier trimestre chez le géant sud-africain De Beers, aucune vente à Anvers du Russe Alrosa depuis le début d'année: les grands producteurs ont réagi de manière drastique à la chute de la demande.
"Pourquoi déterrer maintenant des diamants qui ont été dans le sol pendant des centaines d'années, quand il n'y a aucune chance de les vendre?" note Philip Claes, porte-parole de l'AWDC.
D'après Freddy Hanard, la crise ne se ressent pourtant "pas partout. Aux Etats-Unis (qui achètent la moitié des pierres vendues dans le monde) et en Europe, oui. Mais pas au Moyen-Orient, en Extrême-Orient".
Néanmoins "c'est plus facile, pour une société belge de taille moyenne, de vendre en France ou en Italie plutôt qu'en Asie", reconnaît-il.
Pour Anvers, confrontée depuis des années à la concurrence de pays meilleur marché comme l'Inde, les ennuis ne datent toutefois pas d'hier.
"C'était la crise pendant la dernière décennie. Beaucoup de diamantaires sont partis dans des pays low-cost", reconnaît un tailleur anversois, qui dit avoir connu "16 patrons en vingt ans".
"17 diamants sur 18 dans le monde sont taillés en Inde", reconnaît Freddy Hanard. "Mais les diamants les plus gros et les plus beaux sont toujours taillés ici, parce que le savoir-faire c'est nous qui l'avons".
Sophie ESTIENNE
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Art et joaillerie ont toujours la cote chez les millionnaires
Malgré la crise, les millionnaires se consolent toujours en investissant dans l'art et la joaillerie.
Dans un contexte de crise économique et financière mondiale, les millionnaires ont cherché la sécurité dans leurs investissements en 2008. Art et joaillerie ont été privilégiés selon l'édition 2009 du World Wealth Report.
Les millionnaires ont beaucoup investi dans les collections d'art et dans les bijoux, pierres et montres en 2008.
Mieux que les actions, les hedge funds ou le private equity, l'art, traditionnel en particulier, est devenu une valeur refuge. Les investissements dans ce domaine ont augmenté de 5% en 2008 par rapport à 2006 et représentent ainsi 25% du total des investissements "plaisir" des riches. L'attrait croissant des Européens et des Sud Américains pour l'art a compensé la baisse d'intérêt des Nord Américains dans ce domaine.
La joaillerie a également servi de placement de sécurité. Les investissements dans les pierres, bijoux et montres ont augmenté de 4% entre 2006 et 2008 pour atteindre 22% du total des investissements "plaisir" des riches.
Les biens de consommation de luxe (voitures, bateaux, avions privés etc.) ont représenté 27% des investissements des millionnaires, contre 26% en 2006. Cela peut s'expliquer par le fait que si les achats de jets privés et yachts ont connu une chute, la croissance des voitures de luxe, au Moyen-Orient notamment, l'a largement compensée.
Les investissements dans le sport (voile, chevaux de course etc.) ont représenté 7% des investissements "plaisir" des millionnaires à égalité avec d'autres types de dépenses (adhésions à des clubs, voyages, armes à feux, instruments de musique etc.). Dans cette catégorie des nuances peuvent être apportées car la santé et le bien être (spas, fitness etc.) ont augmenté, surtout auprès des Japonais, contrairement aux voyages de luxe.
En baisse en revanche, les objets de collection autres que les collections d'art (monnaie, vin, antiquités etc.) ont été dénigrés par les riches qui ont diminué leurs investissements de 2 points de pourcentage dans ce domaine, à 12% du total des investissements plaisir en 2008 contre 14% en 2006. Selon l'étude, les objets d'art sont considérés comme futiles et non utiles pour les riches donc moins attractifs en temps de crise.
Anne-Caroline Berthet
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Le butin volé chez le bijoutier des stars retrouvé à 80%
LE FIGARO - 23.06.09
La PJ parisienne a récupéré une grande partie des bijoux dérobés dans la boutique d'Harry Winston, rue Montaigne à Paris, en décembre. Les marchandises volées étaient évaluées à plus de vingt millions d'euros.
La présentation n'a pas le lustre de l'enseigne Harry Winston, mais le fabuleux trésor dérobé en octobre chez le joaillier des stars de l'avenue Montaigne et partiellement récupéré par la PJ de la Préfecture de police de Paris demeure impressionnant. Colliers, parures et rivières de diamants, bagues et chefs-d'uvre d'horlogerie étaient disposés pêle-mêle sur un bureau de la Brigade de répression du banditisme (BRB), qui a élucidé l'affaire. En présence de la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, et du préfet de police, Michel Gaudin, le chef de la BRB estime avoir retrouvé «80 % de la marchandise».
À côté du butin, les policiers ont rassemblé une montagne de coupures de 500, 100 et 50 euros saisis en perquisition. Soit environ 700 000 euros, correspondant aux transactions effectuées par l'équipe démantelée dimanche et lundi dernier. Selon les derniers éléments de l'enquête, la BRB avait d'emblée été intriguée par les renseignements très précis dont disposaient les malfaiteurs. Lors du hold-up, ils connaissaient parfaitement les lieux et les vendeuses par leur nom.
Explorant la piste de la complicité interne, les policiers parisiens ont porté leurs soupçons sur un vigile indélicat. En travaillant sur son environnement, dans le cadre d'une commission rogatoire de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris, ils sont remontés sur des braqueurs considérés comme des figures du banditisme de la région parisienne, puis sur des receleurs déjà fichés. Leurs informations ont été corroborées par divers tuyaux de la direction centrale de la PJ. Quand des acheteurs étrangers, dont un Israélien, se sont manifestés, les policiers ont déclenché dimanche un vaste coup de filet dans les XVIe, XIe et IIIe arrondissements de Paris. Mais c'est en Seine-Saint-Denis, dans la «cache» aménagée d'une demeure des Pavillon-sous-Bois, que le butin sommeillait. Son propriétaire, Jamel Y., braqueur et trafiquant de drogue de 45 ans, serait le cerveau présumé du gang. Comme vingt-deux autres suspects toujours entendus, il a vu sa garde à vue prolongée.
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Mauboussin démocratise la joaillerie
Elargissement de la gamme de prix, investissement dans l'ouverture de boutiques et la publicité : la recette fait ses preuves aussi place Vendôme. Même en temps de crise.
Des bijoux qui s'affichent à la télévision, dans le métro et qui ne cachent plus leur prix, des « donuts » et du chocolat chaud offerts aux clients de la boutique des Champs-Elysées, à Paris : Alain Némarq n'a pas honte d'avoir sorti Mauboussin du cercle très fermé de la haute joaillerie. L'élargissement de sa clientèle lui permet de faire plutôt bonne figure en ces temps difficiles où les plus grands noms souffrent. Arrivé à la tête de Mauboussin en 2002, il a multiplié par 2,5 les ventes et table pour cette année sur un chiffre d'affaires de 36 millions d'euros et un objectif de 65 millions pour 2012. « La crise n'est pas seulement un problème de raréfaction des ressources, elle est aussi révélatrice d'un changement d'attitude vis-à-vis du luxe. Le côté trophée, éléments de statut social lié à l'argent, s'estompe au profit de l'émotion, de la création et de la qualité intrinsèque des produits », explique l'ancien prof d'HEC, qui cible avant tout les femmes. « Ce sont elles les principales acheteuses du luxe, elles ne jouent plus seulement un rôle de prescriptrices. Or les femmes sont plus sensibles à la dimension émotionnelle et créative que les hommes », constate-t-il. Avant Mauboussin, il avait fait carrière dans la mode, chez Saint Laurent et Kenzo homme, puis aux commandes de Tehen, petite marque de vêtements féminins.
Accessibilité
Il y a sept ans, ses collègues de la place Vendôme ne donnaient pas cher de ses chances de redresser la maison, victime de dissensions familiales et des caprices de son premier client, le sultan de Brunei. La défection du prince avait contraint les frères Mauboussin à céder la main à Dominique Frémont, homme d'affaires helvètique ayant fait fortune dans les laboratoires photo. Alain Némarq décide alors de repositionner la société sur le segment de l'accessibilité. « Les marques ne réalisent que 6 % des ventes mondiales de joaillerie, le potentiel de croissance est immense si vous élargissez le jeu au-delà de la haute joaillerie », dit-il. Démarche qui avait déjà été celle d'un Cartier avec ses Must des années 1980 ou de Tiffany's et ses bijoux en argent. Chance of Love, la bague en forme de trèfle à quatre feuilles qui démarre à 0,20 carat de diamant pour moins de 1.000 euros est ainsi devenue le best-seller de Mauboussin avec 40.000 pièces vendues depuis 2005 ou Gueule d'amour de la Saint-Valentin 2009 dont 200 exemplaires sont partis en quinze jours. La maison n'hésite pas non plus à revisiter son patrimoine. Ainsi la nouvelle bague Tu es mon soleil, dont la pierre centrale est un diamant jonquille (rien de moins), comporte un large anneau incrusté de nacre comme celui de la Nadia best-seller des années 1990.
Communication et distribution
Alain Némarq explique qu'il fait tomber les barrières entre joaillerie et haute joaillerie. Démonstration avec la ligne Couleurs baisers : des bagues comprises entre 1.900 et 2.600 euros et dont les pierres fines ont droit aux mêmes égards que les diamants de la plus belle eau avec taille émeraude et baguettes ton sur ton. « Chez nous, le même modèle peut varier entre 2.000 euros et 2 millions, selon que vous demandez une aigue marine ou un saphir de Birmanie. C'est le client qui décide », dit-il, en soulignant que le segment des bijoux à plus de 25.000 euros représente toujours 35 % de l'activité de la maison, « ni plus ni moins qu'avant ».
Si Mauboussin consacre moins d'argent que ses voisins de la place Vendôme à l'achat de pierres d'exception, son repositionnement stratégique l'a conduit à concentrer ses investissements sur deux postes : communication et distribution, indispensables pour accroître la notoriété de la marque, notamment à l'international. Alain Némarq consacre ainsi 16 % de son chiffre d'affaires à la publicité dans les médias grand public. Distribuée dans des « shop in shop » au Printemps et aux Galeries Lafayette, la marque dispose déjà de quatre boutiques en propre (Vendôme, Champs-Elysées, New York et Tokyo). Suivront Singapour et Séoul (avec un partenaire), puis Hong Kong et Macao.
V. L.
25 interpellations dans l'affaire du braquage record d'Harry Winston
Le braquage avait été qualifié de "coup de maître" par la police. Le jeudi 4 décembre 2008, quatre malfaiteurs armés, dont certains étaient déguisés en femmes, avaient dévalisé en un quart d'heure la joaillerie Harry Winston, avenue Montaigne (VIIIe), en plein Triangle d'or, à Paris. Montant du hold-up : 85 millions d'euros, un record absolu en France.
700 000 EUROS DE PRIME
Selon des sources policières, les suspects placés en garde à vue, âgés de 22 à 67 ans, dont deux femmes, sont liés au "milieu traditionnel haut de gamme" français et auraient bénéficié "de complicités internes", dont celle d'un vigile. Ils n'appartiendraient a priori pas à des gangs internationaux organisés comme celui des "Pink Panthers", même si les bijoux volés ont "séjourné à l'étranger", ont indiqué les sources.
Après le braquage, les Lloyd's de Londres avaient rapidement offert une prime de un million de dollars (700 000 euros) à la première personne qui permettrait de retrouver ces bijoux. On ignore si la prime a permis de faire avancer l'enquête.
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La place Vendôme à son tour frappée par la crise
« Nous avons utilisé tous les moyens possibles pour patienter, du chômage technique, aux RTT en passant par les congés. Aujourd'hui nous n'avons plus le choix, nous allons devoir nous séparer de mains expertes », s'alarme un fabricant.
La BJOP demande la tenue d'une table ronde entre donneurs d'ordres et sous-traitants, pour essayer de débloquer un minimum de commandes, de l'ordre de 100 millions d'euros « pour pouvoir tenir jusqu'à l'après crise et limiter les dégâts ».
« Notre savoir faire n'est pas délocalisable. Il faut que les entreprises soient encore là après la crise pour continuer à porter le savoir-faire de la joaillerie française dans le monde », souligne Bernadette Pinet-Cuoq, présidente déléguée de la BJOP.
Parallèlement, la profession réfléchit pour 2011 au lancement d'un label français, autour d'une charte qualitative. Objectif : regrouper une dizaine de créateurs pour proposer des collections « made in France » dans les pays du Moyen-Orient et des Emirats arabes unis. « Nous travaillons sur le financement. Il nous trouver des partenaires locaux. Le processus est bien engagé » estiment les professionnels impliqués. Une petite bouffée d'oxygène estimée également à 100 millions d'euros...
"Bijoux Art Déco et avant-garde"
"Bijoux Art Déco et avant-garde: Jean Després et les bijoutiers modernes" se tient jusqu'au 28 juin 2009
Jamais, encore, le bijou avant-gardiste de la période Art Déco n'a fait l'objet d'une exposition. Cette manifestation exceptionnelle par son sujet et son ampleur, rassemble plus de 300 bioux et pièces d'orfèvrerie des années 1930 sans compter photos et dessins.
La majeure partie provient de collections privées françaises et étrangères. Les artistes réunis s'illustrent par la modernité de leurs créations : qu'il s'agisse de l'orfèvre bijoutier Jean Després, de bijoutiers joailliers tels Jean Fouquet, Gérard Sandoz, Raymond Templier, Jeanne Boivin, Suzanne Belperron ou d'un décorateur que la parure inspira, comme Jean Dunand.
Durant l'entre-deux-guerres, Paris brille ! En matière de luxe, elle est la capitale du monde occidental. La ville accueille des manifestations qui marqueront les esprits, l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes en 1925 et l'Exposition Internationale des arts et techniques dans la vie moderne en 1937, deux fêtes qui jalonnent cette période appelée « Art déco ».
Bien représentée dans la collection des Arts Décoratifs grâce à un don important de l'artiste, l'oeuvre de Jean Després (1889-1980) ouvre l'exposition. C'est la première fois qu'une rétrospective lui est consacrée. 180 objets, bijoux et pièces d'orfèvrerie, ainsi que de nombreux dessins et documents d'archives, illustrent les différents aspects de sa production : les bijoux moteurs des années 30 inspirés par l'esthétique industrielle (bielle, engrenage, roue dentée) ; les bijoux glaces en argent et verre, conçus entre 1929 et 1934 en collaboration avec le peintre et graveur Etienne Cournault ; les bijoux-céramiques réalisés en 1937 en collaboration avec le céramiste Jean Mayodon. Sont, également, dévoilés les pièces d'art de la table, les objets liturgiques, les reliures que l'orfèvre réalisera dans les années 1960.
Musée des Arts Décoratifs. 107, rue de Rivoli. 75001 Paris. Téléphone : 01.44.55.57.50. Ouverts du mardi au vendredi de 11 h à 18 h. Samedi et dimanche de 10 h à 18 h. Nocturne le jeudi jusqu'à 21 h.
Dans l'univers secret des diamantaires d'Anvers
Les diamants, qu'on dit éternels, ont une capitale : Anvers. Près de 80 % de la production mondiale passe par le port belge. Son négoce fait vivre 5 000 marchands, juifs et indiens pour l'essentiel. Une activité qui brasse chaque année des milliards d'euros. Visite avec un connaisseur des lieux, l'écrivain Vincent Crouzet.
ANVERS (de notre envoyé spécial). On a toujours plié les feuilles comme ça. Quatre fois dans la largeur, deux fois dans la hauteur. Dans l'enveloppe ainsi formée, il se transporte des fortunes en petits cailloux. Bienvenue chez les diamantaires d'Anvers. Un monde étonnant qui marie le meilleur de la technologie avec des pratiques commerciales d'un autre temps. Ici, point de contrat. La parole donnée vaut tout. Car une mauvaise réputation ruine plus sûrement son homme qu'un procès perdu.
Du Mozambique, de Sibérie ou d'Afrique du Sud, 80 % des pierres extraites dans le monde passent par le grand port des Flandres. « 26 milliards de dollars de chiffre d'affaires. 10 % du produit intérieur brut belge dans un triangle de trois rues », s'amuse Vincent Crouzet, expert en géopolitique et auteur d'un thriller sur l'univers du diamant.
Hoveniers straat est l'une des trois rues de ce triangle magique. On y croise des Juifs hassidiques coiffés de chapeaux noirs à larges bords. D'autres avec barbes et papillotes qui indiquent une pratique orthodoxe. Beaucoup d'Indiens, aussi, issus des « 400 familles » qui tiennent la moitié du marché. Et des businessmen, courant à un rendez-vous, l'attaché-case enchaîné à l'avant-bras. « C'est un endroit où l'on peut rencontrer un financier du Hezbollah puis le fils du chef des services secrets israéliens. La rue est une zone de non-agression », assure Vincent Crouzet.
Chaque jour, il se brasse des dizaines de millions d'euros dans ces immeubles mornes, que d'innombrables caméras ont transformés en lieu le plus surveillé au monde. L'un des plus sûrs, aussi : jamais d'attaque à main armée. Un cambriolage, quand même, il y a deux ans. Officiellement, 100 millions d'euros de butin. En réalité, sans doute le double. Le diamant peut aussi manquer de clarté...
Cette rue est le terrain de jeu de Sacha, 37 ans. Il est courtier, c'est-à-dire d'abord rabatteur pour un diamantaire. Son travail : ouvrir ses oreilles. Activer son réseau. Il fait remonter les affaires à son patron. Négocie à sa place quand elles ne sont pas trop importantes. Et est payé au pourcentage. Même si la crise a porté un rude coup aux affaires, Sacha est un homme occupé qui passe une partie de son temps le portable à l'oreille et l'autre dans les bureaux à « voir des pierres ».
« Nous pratiquons un métier à risque »
À mi-rue, pas loin de la petite synagogue, voici la Bourse du diamant où n'entre pas qui veut. Il y a vingt ans, on y était pressé comme dans le tramway un soir de match. Ce mercredi matin, le vaste hall aux relents d'encaustique est quasi désert. « Une grosse partie de la transaction se fait maintenant par Internet. Quand la pierre arrive, on sait déjà tout d'elle », soupire avec nostalgie Arthur Beller, son président. Quelques marchands conversent autour d'un café. Sur un panneau, des portraits d'hommes au visage fermé. « Les proscrits », précise Vincent Crouzet en lisant pour chacun le motif de l'excommunication.
Une fois à Anvers, le précieux caillou est acheté, puis souvent revendu une, deux ou trois fois, jusqu'à ce qu'il trouve son prix. Celui-ci dépend des « 4 C » : clarté, couleur, « cut » (la taille). Et bien sûr, le nombre de carats (un carat = 0,2 gramme). L'évaluation est un moment crucial car les sommes engagées sont énormes. « La marge d'erreur est d'environ 10 %, c'est-à-dire à peu près l'équivalent de ce que nous gagnons. Vous voyez, nous pratiquons un métier à risques », commente ce négociant. On n'ira pas pleurer. Le diamantaire anversois émarge rarement au RMI. Il serait plutôt du genre Porsche Cayenne et grosse maison.
Une fois acquise, reste à tailler la pierre. Il va s'en perdre au moins 40 %. Malheur à celui qui choisirait un mauvais plan de taille ! Dans cet atelier parmi les plus modernes de la place, le caillou est d'abord passé dans un scanner qui localise les impuretés. Puis un ordinateur calcule la meilleure taille, celle qui fera le moins de perte. Quand la pierre est grosse, le tailleur prend son temps.
Cela peut durer des mois, mais le jeu en vaut la chandelle. Steve, 23 ans, beau gosse au sourire coquet, vous pose avec délicatesse sur le dessus de la main une amande qui étincelle du feu du ciel. « Celle-là, chez le joaillier, elle vaudra quoi... allez, deux millions d'euros. » Et elle a commencé dans une bête feuille de papier, comme un pliage d'écolier. Les diamantaires sont des petits Poucet qui jouent avec des morceaux d'éternité.
Bijou ou gadget, le retour des boutons de manchette
Ils ont longtemps été abandonnés dans le fond d'un tiroir. Désormais les boutons de manchette retrouvent leur place. Pour la Fête des pères, le Printemps propose ceux de la nouvelle collection Mauboussin baptisée "Tu es le sel de ma vie" en or blanc et pavage diamant, vendus la bagatelle de 990 euros. Etonnant pour un accessoire qui semblait, un peu comme la montre à gousset, se transmettre de génération en génération et ne se porter que dans les grandes occasions.
Réservé jadis aux messieurs chics ou aux cérémonies de mariage, le bouton de manchette s'est démocratisé. "Synonyme d'élégance et de raffinement, il compose le détail final d'une belle chemise coordonnée ou non à la cravate. L'oeil de votre interlocuteur s'y pose toujours", observe Aymeric Franco, directeur commercial Europe chez Hackett. Proposé "en coton, en argent, en or ou en métal, le bouton de manchette est à la portée de tous les budgets, et peut se porter en toutes circonstances", affirme-t-il.
Davantage qu'un accessoire, le bouton de manchette est un des rares bijoux que l'homme peut se permettre de porter sans mettre en péril sa virilité. Zilli ose le grand luxe avec un modèle en or blanc 18 carats, nacre, diamants et émeraude vendu... 16 650 euros ! Dans le même registre, Brioni a créé une collection en pierres dures ou semi-précieuses, or blanc ou or jaune.
PERSONNALISER SON LOOK
Mais ce sont souvent les moins chers et les plus originaux qui séduisent les hommes. La Maison du bouton de manchette propose 150 modèles à partir de 3 euros dans une dizaine de coloris et des formes aussi différentes qu'une tête de mort, un Lego, une carte à jouer, ou une pièce de puzzle. Paul Smith fut un des premiers créateur à détourner la fonction de ce bijou synonyme de sérieux en un gadget amusant orné de pin-up ou d'hologrammes. Chez Yves Saint Laurent, ils prennent la forme de clés. "Ce sont des petits détails pour personnaliser son look, c'est une façon de s'exprimer quand on se serre la main", estime Rossella Jardini, qui dirige la maison Moschino, où l'on trouve ces accessoires en forme de coeur, d'ancre, de dauphin...
"Beaucoup de chemises étant désormais à boutonnage mixte, le bouton de manchette vient ajouter une note personnelle à la tenue", indique Paul Smith. Il est aussi possible de laisser sa chemise à poignets mousquetaires sans bouton de manchette. Marc Bukart, responsable du stand Tiffany au Printemps Haussmann, juge qu'il ne faut "jamais" le faire, il est vrai que la marque ne produit que des bijoux ! "Lorsque vous en avez, pourquoi ne pas en porter ?", temporise Massimiliano Giornetti, qui dessine les collections masculines de Ferragamo.
D'autres créateurs s'autorisent plus de libertés. "Cela fait longtemps que je retrousse les manches des chemises et même des costumes. C'est un geste qui "dédramatise" leur rigueur. Aujourd'hui, les règles et les carcans n'existent plus dans la mode masculine. Tout est possible à partir du moment où on le fait avec allure", raconte Kris Van Assche. Lors de son dernier défilé, ses chemises à poignets mousquetaires étaient nouées par des rubans. Une autre histoire, plus romantique.
Investcorp veut investir dans la région du Golfe
Le groupe bahreïni Investcorp a annoncé mardi son intention de prendre des participations dans des sociétés de luxe de la région du Golfe.
Le groupe veut investir 650 millions de dollars dans la région dans les deux prochaines années.
Investcorp, qui investissait en prenant des participations dans des marques mondiales comme Gucci et Tiffany, est en discussion avec des familles et des entreprises du Golfe, d'Afrique du Nord et de Turquie, a déclaré Azmat Taufique, l'un des responsables d'Invescorp.
Pour ce faire, le groupe a mis en place un fonds d'un milliards de dollars, le Gulf Opportunity Fund.
L'an dernier, le groupe avait acquis, en partenariat, 70% du numéro un de l'or et de la joaillerie dans le Golfe, L'Azurde.
"Nous sommes à la recherche d'autres activités dans la région ayant une dynamique similaire, pas nécessairement dans la joaillerie, mais plus généralement dans le luxe de masse", a déclaré Taufique au sommet sur le luxe organisé par Reuters.
"Nous voulons construire des marques qui retentissent. Le marché est en train d'évoluer, la région est en croissance et nos hommes d'affaires et nos entrepreneurs ont créé des marques", a déclaré Azmat Taufique à Dubai.
Environ un quart des huit à dix acquisitions qu'Investcorp entend réaliser dans la région au cours des deux prochaines années seront dans le secteur du luxe, a précisé Taufique.
Selon lui, la région du Golfe représente 5% du marché mondial du luxe qu'il évalue à 300 milliards de dollars.
Les sociétés de luxe des Emirats arabes unis et des marchés comme l'Arabie saoudite et l'Egypte, sont des candidats prioritaires pour le fonds, a estimé Taufique.
John Irish et Daliah Merzaban, version française Danielle Rouquié
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Van Cleef & Arpels anticipe un recul des ventes 2009
Van Cleef & Arpel n'observe pas d'amélioration de son activité ces dernières semaines et anticipe une baisse de son chiffre d'affaires en 2009 malgré l'ouverture de huit magasins cette année, a déclaré le P-DG du bijoutier, à l'occasion du sommet mondial du luxe organisé par Reuters.
A la question de savoir si Van Cleef, filiale du groupe suisse Richemont, avait observé une amélioration de ses ventes ces dernières semaines, Stanislas de Quercize, P-DG de la société, a répondu "non".
Il s'est dit "prudent" pour l'évolution des ventes sur l'ensemble de l'année, après un chiffre d'affaires "record" en 2008 et, à la question de savoir si elles augmenteraient avec l'ouverture prévue de ses magasins, il a répondu: "Je ne table pas là- dessus".
Le programme d'ouverture de magasin du prestigieux bijoutier de la place Vendôme n'a pas été modifié par la crise, a-t-il ajouté, Van Cleef prévoyant d'en ouvrir huit cette année, comme en 2008, à Milan, Pékin, aux Etats-Unis et dans les pays du Golfe.
Il a précisé que les ventes de la gamme "bijoux" les plus accessibles (à partir de 800 euros) se tenaient "extrêmement bien" et que celles des bijoux haut de gamme étaient "les plus résistantes à la crise".
Il a également indiqué que les ventes, depuis le début de l'année, étaient "plus fortes" en Europe et en Asie qu'aux Etats-Unis".
Les ventes de montres, contrairement à la tendance du marché, sont quant à elles "en hausse" depuis janvier et représentent aujourd'hui plus de 10% du chiffre d'affaires de Van Cleef.
Stanislas de Quercize a également déclaré que la société était prudente dans la gestion de ses coûts et qu'elle avait gelé les salaires et les embauches depuis octobre 2008.
Van Cleef & Arpels est "plus prudent" dans ses dépenses publicitaires et a réduit ses achats de pierres précieuses, a-t-il ajouté.
Pascale Denis, Astrid Wendlandt, édité par Gilles Guillaume
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La marque Léon Hatot quitte Auvernier
La marque de haute joaillerie Léon Hatot va quitter les locaux d'Auvernier qu'elle occupait depuis 2007.
Léon Hatot, qui fait partie du groupe Swatch, doit revoir ses objectifs à la baisse, crise financière oblige.
La vingtaine d'employés a déjà été rapatriée au sein d'autres sociétés du groupe biennois. Selon la porte-parole de Swatch, qui s'exprime dans les colonnes des quotidiens neuchâtelois, 2 ou 3 personnes pourraient être licenciées.
Quant aux locaux d'Auvernier, ils seront occupés par une autre marque du groupe: Tiffany, qui a besoin de s'agrandir.
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Deux employés de Gucci « maquillent » en vol la perte de 230 000 a de bijoux !
ls disaient alors avoir été victimes d'un vol à la portière au beau milieu de la Promenade des Anglais. À les entendre, le butin dérobé avait de quoi faire rêver plus d'une femme : la toute dernière collection de bijoux Gucci. Montant du préjudice ? 236 000 e d'or et de pierres précieuses. La dite collection n'étant pas encore sur le marché, il n'en existait alors que trois exemplaires dont celui confié à ces deux représentants. Ils rentraient précisément d'une longue tournée de démarchage à travers toute l'Europe. Après avoir passé la journée à Montpellier pour y rencontrer un dernier client, ces attachés commerciaux seraient arrivés à Nice en fin de journée le 2 avril. C'est en tout cas ce qu'ils prétendaient. Et c'est alors qu'ils auraient été victimes d'un vol à la portière devant le parking Shell.
Au beau milieu d'une opération de police
Voilà qui n'a pas manqué d'éveiller les soupçons des enquêteurs de la Sûreté départementale. Car, au moment des faits présumés, la brigade de répression des actions violentes (BRAV) était précisément aux abords de ce parking... Comme, d'ailleurs, la moitié des policiers de Nice, appelés en renfort après une rixe au couteau (notre édition du 3 avril).
Pourquoi les deux victimes ne se sont-elles pas immédiatement signalées aux policiers présents ? C'est bien la question qui trottait dans la tête des enquêteurs. Et la réponse est toute simple : parce qu'elles n'étaient victimes de rien, si ce n'est de leur propre négligence.
En vérifiant les déclarations des deux salariés, les policiers ont découvert qu'ils n'avaient jamais mis les pieds à Montpellier ce 2 avril. Quant aux bijoux, voilà belle lurette qu'ils les avaient... perdus !
Au terme d'un dernier salon à Paris, au lieu de solliciter un convoyeur spécial, les deux représentants s'étaient contentés de les glisser au fond d'un banal carton rempli de présentoirs. Mais, le colis était arrivé ouvert en Italie... Après un passage par la Douane de Lyon. Et à l'intérieur il n'y avait plus de bijoux.
La collection adressée par erreur en Suisse
Difficile pour autant d'accuser de vol les services de l'État français. Ils ont préféré faire porter le chapeau à Nice et à sa mauvaise réputation en matière de vols à la portière. Côté délinquance, ces deux pointures du secteur de la mode ne sont d'ailleurs pas au goût du jour, puisque depuis début 2000 ce type de délit est en chute libre notamment grâce au travail des enquêteurs de la BRAV.
Les deux représentants ont pu apprécier par eux-mêmes l'efficacité de ces policiers qui, sous un faux prétexte, les ont reconvoqués pour les cuisiner. Ces ainsi que, mardi, ils sont passés du statut de victime à celui de justiciable. Remis en liberté ils devront prochainement se présenter au tribunal pour répondre de cette fausse déclaration de vol.
Quant aux bijoux ? Ils ont depuis été retrouvés. Bel et bien dans un carton de présentoirs, mais en Suisse, à la maison mère Gucci, où les deux employés avaient adressé le colis par erreur !
Eric Galliano
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Le marché russe, chant du cygne ou turbulences passagères?
Suite à la réduction spectaculaire de certaines grosses fortunes russes, d'aucuns craignent de lourdes conséquences sur les secteurs de l'horlogerie et de la joaillerie.
De la cigale à la fourmi
Face à ces chiffres alarmants, les secteurs de l'horlogerie et de la joaillerie, dont la forte croissance de ces dernières années a été portée en grande partie par des pays dits «émergents» comme la Russie, tremblent à l'idée de perdre ce marché. Si une baisse de la demande se fait déjà ressentir en Suisse, on assiste surtout à un changement de comportement. Alors qu'il y a quelque temps, certains " nouveaux Russes " dépensaient des sommes extravagantes pour des produits à la mode, les nombreux revers financiers qu'ils ont essuyés dernièrement les ont quelque peu assagis. Ils n'ont plus la tête à la fête sans compter.
Selon Alexis Meyer, directeur de la boutique Les Ambassadeurs à Genève, on assiste certes à un recul du volume des ventes, mais celui-ci s'accompagne d'une plus forte orientation vers des produits de grande qualité et d'un intérêt tout particulier pour les pièces exceptionnelles.
Un changement amorcé dès 2005
Ce changement ne découle pas uniquement de la crise. Patrick Cremers, directeur de la chronométrie lausannoise A l'Emeraude, affirme que ce processus est en marche depuis quelques années. Une étude réalisée en 2005 par le Comité Colbert, association rassemblant 70 maisons de luxe, relevait déjà à l'époque une modification dans les habitudes du consommateur russe.
La présence toujours plus importante de marques prestigieuses en Russie, le développement des médias ainsi que les nombreux voyages effectués en Europe, ont contribué à modifier le rapport au luxe de cette clientèle. Considérée, de manière un peu caricaturale, comme adepte du luxe clinquant et tape à l'oeil, elle semble vouloir s'affranchir de cette étiquette et exprimer son propre goût.
Exclusivité et personnalisation de plus en plus forte sont à l'ordre du jour. En privilégiant ainsi le métissage et en se recentrant sur la qualité, les Russes, de moins en moins dupes, entrent dans une logique de «connaisseur» et optent pour un luxe plus discret.
Un mal pour un bien?
La décroissance ne serait donc pas si mauvaise. Elle permettrait un recentrage sur des valeurs plus traditionnelles du luxe: l'excellence, l'exclusivité et le savoir-faire. Dès lors, les marques proposant des produits correspondant à ce niveau d'exigence ne devraient pas perdre complètement cette clientèle.
Qui plus est, dans leur dernière étude sur le marché mondial du luxe, le cabinet Bain & Company affirme que le secteur horloger bénéficie d'un statut tout particulier dans les pays " émergents ". Les montres seraient en effet le premier produit acheté par les nouveaux riches. En Russie, les garde-temps représentent un symbole de réussite fort. De nombreux hommes politiques, dont le président et son premier ministre, arborent même au poignet des pièces grandes complications.
Ce lien entre la classe dirigeante russe et les maîtres horlogers ne date pas d'hier Breguet et Ulysse Nardin vendaient leurs montres aux tsars , mais il a été consolidé ces dernières années par un grand travail de communication effectué sur place. Ouverture de boutiques en grande pompe, création d'événements, organisation d'expositions participent de cette réussite.
S'il ne faut donc pas minimiser la diminution de la demande et les pertes considérables que celle-ci occasionne auprès des marques jugées " plus accessibles ", le marché russe est loin d'être mourant. Pour Norbert Boutelier, directeur de la chronométrie Kunz à Genève, il conserve un grand potentiel économique. D'ailleurs, à en croire Bain & Company, l'avenir est tout à fait prometteur: les dépenses en produits de luxe des riches et super-riches (individus dont l'actif net est supérieur à 1 million de dollars) devraient augmenter ces cinq prochaines années de +20% à +35% sur les marchés émergents du BRIC, dont la Russie fait partie.
Le diamant toujours suspect
Ian Smillie, l'un des architectes du système de certification de Kimberley, censé garantir la provenance "propre" des diamants bruts, a démissionné en accusant la filière d'avoir "dérapé". Entretien |
La réputation du diamant propre vacille : Ian Smillie, l'un des fondateurs et artisans du mécanisme de certification de Kimberley, censé garantir une provenance « propre » des diamants bruts sur le marché mondial, jette l'éponge. Il démissionne du comité directeur de Kimberley et quitte le PAC (Partenariat Afrique-Canada). Cette ONG phare, basée au Canada, dont il est chef de recherche, est à l'origine, avec Global Witness, de la création en 2003 du processus de certification, ratifié par 45 Etats, dont la Suisse.
L'illustre chercheur canadien a participé à la rédaction d'un rapport accablant, intitulé Le Zimbabwe, les diamants et le mauvais côté de l'histoire. Parue en mars, cette enquête dénonce de graves exactions dans les mines du Zimbabwe.
Pourquoi cette démission maintenant ?
Quelque chose ne tourne pas rond. En 2003, nous avions créé un mécanisme efficace, mais nous l'avons laissé déraper. Les Etats parties au processus n'ont pas su faire face à des cas graves de contrebande au Brésil, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Venezuela, au Zimbabwe, en Guinée, au Liban. Pour le Venezuela, nous en sommes même arrivés à tolérer ce trafic. Pendant que les gouvernements discutent sans fin sur l'opportunité ou non d'aborder la question des droits de l'homme, les crimes se poursuivent. Je ne veux plus cautionner cela.
Dans le rapport publié avec Global Witness, vous appelez le Conseil de sécurité de l'ONU à imposer un embargo sur les diamants du Zimbabwe. Pourquoi ne pas attendre une réaction ?
C'est un cercle vicieux : nous interpellons l'ONU qui s'adresse aux Etats membres de Kimberley. Qui n'en finissent pas de débattre pour savoir si les droits de l'homme font partie de leur mandat ou non.
Comment expliquez-vous ce dysfonctionnement ?
Les gouvernements sont pris à leur propre piège. L'Afrique du Sud, qui a été l'une des figures de proue dans la création du mécanisme Kimberley, ne veut à présent rien savoir des violations des droits de l'homme au Zimbabwe, du simple fait que Pretoria soutient le régime de Mugabe. Il y a aussi des preuves évidentes sur le blanchiment d'argent en Guinée et au Liban lié aux diamants, mais les Etats parties de Kimberley ne font rien.
Le marché du diamant a-t-il quand même évolué depuis 2003 ?
Le diamant est la forme d'argent la plus concentrée au monde. Je peux me promener avec l'équivalent de 5 millions de dollars en diamants dans ma poche sans que personne n'en sache rien. Kimberley a sans conteste permis d'en faire un commerce plus propre, notamment sur des plaques tournantes comme la Belgique ou la Suisse. Il y a encore dix ans, toutes sortes de diamants de provenances obscures arrivaient dans les ports francs de Zurich ou Genève, et en repartaient avec une étiquette suisse. Cela n'est plus possible à présent. La Suisse est d'ailleurs un membre très actif du Kimberley. Cela ne signifie pas que la contrebande a été totalement éradiquée, mais les canaux propres existent et sont utilisés.
Il semble pourtant possible d'acheter de faux Kimberley ?
Oui, cela peut arriver. Pour une personne en possession d'un stock de diamants bruts valant plusieurs dizaines millions de dollars, payer 50 000 dollars pour une authentification Kimberley, c'est rien.
En août dernier, une équipe Kimberley, envoyée en Guinée, a constaté que le gouvernement ne pouvait pas attester de l'origine des diamants. Le problème, c'est que dix mois plus tard, le rapport n'est toujours pas fait et les accusations de blanchiment d'argent en Guinée continuent. Cela me rend fou.
Quelles sont vos attentes ?
L'industrie des diamants, qui a tout intérêt pour sa réputation à ce qu'un processus Kimberley se poursuive, doit faire pression sur les gouvernements. Les ONG seules n'y parviennent pas.
Et si cela ne marche pas ?
La contrebande continuera de plus belle. Et les diamants seront associés aux trafics de drogue, d'arme, à la guerre et à l'esclavage. Le diamant n'est qu'un symbole. Il n'a de valeur que celle qu'on veut bien lui donner. Il n'existe que parce qu'il est porté. Si sa réputation est ternie, il risque de connaître le même sort que les fourrures.
Propos recueillis par Carole Vann/InfoSud/Tribune des droits humains
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