Deux employés de Gucci « maquillent » en vol la perte de 230 000 a de bijoux !

 
Deux responsables de la société Gucci viennent de passer quelques heures en garde à vue au commissariat Auvare de Nice. Pourtant, c'est en tant que victimes que ces deux représentants de la célèbre marque italienne s'étaient présentées, à ce même bureau de police, deux mois plus tôt.

ls disaient alors avoir été victimes d'un vol à la portière au beau milieu de la Promenade des Anglais. À les entendre, le butin dérobé avait de quoi faire rêver plus d'une femme : la toute dernière collection de bijoux Gucci. Montant du préjudice ? 236 000 e d'or et de pierres précieuses. La dite collection n'étant pas encore sur le marché, il n'en existait alors que trois exemplaires dont celui confié à ces deux représentants. Ils rentraient précisément d'une longue tournée de démarchage à travers toute l'Europe. Après avoir passé la journée à Montpellier pour y rencontrer un dernier client, ces attachés commerciaux seraient arrivés à Nice en fin de journée le 2 avril. C'est en tout cas ce qu'ils prétendaient. Et c'est alors qu'ils auraient été victimes d'un vol à la portière devant le parking Shell.

Au beau milieu d'une opération de police

Voilà qui n'a pas manqué d'éveiller les soupçons des enquêteurs de la Sûreté départementale. Car, au moment des faits présumés, la brigade de répression des actions violentes (BRAV) était précisément aux abords de ce parking... Comme, d'ailleurs, la moitié des policiers de Nice, appelés en renfort après une rixe au couteau (notre édition du 3 avril).

Pourquoi les deux victimes ne se sont-elles pas immédiatement signalées aux policiers présents ? C'est bien la question qui trottait dans la tête des enquêteurs. Et la réponse est toute simple : parce qu'elles n'étaient victimes de rien, si ce n'est de leur propre négligence.

En vérifiant les déclarations des deux salariés, les policiers ont découvert qu'ils n'avaient jamais mis les pieds à Montpellier ce 2 avril. Quant aux bijoux, voilà belle lurette qu'ils les avaient... perdus !

Au terme d'un dernier salon à Paris, au lieu de solliciter un convoyeur spécial, les deux représentants s'étaient contentés de les glisser au fond d'un banal carton rempli de présentoirs. Mais, le colis était arrivé ouvert en Italie... Après un passage par la Douane de Lyon. Et à l'intérieur il n'y avait plus de bijoux.

La collection adressée par erreur en Suisse

Difficile pour autant d'accuser de vol les services de l'État français. Ils ont préféré faire porter le chapeau à Nice et à sa mauvaise réputation en matière de vols à la portière. Côté délinquance, ces deux pointures du secteur de la mode ne sont d'ailleurs pas au goût du jour, puisque depuis début 2000 ce type de délit est en chute libre notamment grâce au travail des enquêteurs de la BRAV.

Les deux représentants ont pu apprécier par eux-mêmes l'efficacité de ces policiers qui, sous un faux prétexte, les ont reconvoqués pour les cuisiner. Ces ainsi que, mardi, ils sont passés du statut de victime à celui de justiciable. Remis en liberté ils devront prochainement se présenter au tribunal pour répondre de cette fausse déclaration de vol.

Quant aux bijoux ? Ils ont depuis été retrouvés. Bel et bien dans un carton de présentoirs, mais en Suisse, à la maison mère Gucci, où les deux employés avaient adressé le colis par erreur !

Eric Galliano

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