En Afrique du Sud, les diamants sont éternels mais pas les villes minières

AFP - 19.08.09

Les diamants sont éternels mais les mines d'où ils sont extraits connaissent un sort bien plus éphémère. Sur la côte atlantique de l'Afrique du Sud, Kleinzee ressemble ainsi à une ville fantôme mais son propriétaire, De Beers, entend changer la donne.

Isolée depuis 80 ans dans le périmètre de sécurité qui enferme "la côte des diamants", Kleinzee est l'une des nombreuses villes minières de cette région qui tournent au ralenti.
En moins de deux ans, écoles, centres de loisirs et maisons ont été désertés.
Depuis 2007, le groupe sud-africain De Beers, premier producteur mondial de diamants, a réduit drastiquement son activité dans cette ville située à 600 km au nord du Cap (sud-ouest). Sur 3.000 employés il y a deux ans, 250 travaillent toujours aujourd'hui pour le géant du diamant.

Les quelque 700 habitants attendent désespérément que le gouvernement se décide à mettre fin au statut de propriété privée, la ville appartenant à la compagnie. Ils pourraient alors acheter les maisons et espèrent la faire enfin revivre.
"Tous mes amis ont perdu leur travail. C'est une ville minière, qu'est-ce qu'ils peuvent faire d'autre ici?", s'interroge la propriétaire de l'unique supérette de la ville, Ann Engelbrecht, qui a vu ses ventes baisser de 60% depuis qu'elle a repris le magasin en 2007.
Pour faire face à cette baisse d'activité, elle ouvre plus tard, ferme complètement le week-end. "Ca n'en vaut plus la peine. Le commerce se porte mal mais je crois vraiment que si la ville change de statut, ça va s'arranger", estime Mme Engelbrecht, qui a travaillé 25 ans pour De Beers.
C'est comme si l'exploitation minière avait été "une bombe nucléaire lâchée" sur la région, renchérit l'unique client de la supérette.

De Beers, qui s'apprête à quitter définitivement la ville, tente avec des écologistes de relancer l'activité par le tourisme ou encore la pisciculture tout en essayant de réparer l'impact de l'exploitation minière sur l'environnement.
Le projet s'élève à 463 millions de rands (56 millions de dollars, 40 millions d'euros).
"Je crois que c'est la première fois dans le monde que cela se passe sur une si grande échelle", note Gert Klopper, le porte-parole régional de De Beers.
Les pompes des mines sont maintenant utilisées à l'inverse, pour remplir les puits afin de promouvoir l'ostréiculture et d'autres activités halieutiques. D'autres projets prévoient la création d'une marina, de chemins de randonnée et même une salle de concert dans une ancienne mine à ciel ouvert.
Selon le porte-parole, 10.000 hectares seulement ont été exploités, sur un domaine de 90.000 hectares interdits au public pendant des décennies, donc préservés de toute intervention humaine. Et les quelques puits encore en exploitation devraient être épuisés d'ici 30 ans.

Un atout de taille sur une côte parfois fortement urbanisée. Des centaines d'emplois pourraient être créés grâce au tourisme dans l'une des régions les plus reculées du pays.

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