Dialogue avec les pierres

LE POINT - 10/12/2009

Fidèle complice des gemmes, Gianmaria Buccellati marque l'année de 58 bagues cocktail captivantes.

Fils de, l'artiste lombard a été élevé parmi les pierres et l'argent platiné doublé d'or que son père, Mario Buccellati, gravait et ciselait comme nul autre. Gabriele D'Annun-zio le surnomma d'ailleurs « le prince des orfèvres ». Comment alors trouver sa place face à ce génie renommé pour ses bijoux dentelles aux façonnages si subtils ? En observant le travail des ateliers, en apprenant la précision, en maîtrisant les métaux et les minéraux. Autant d'éléments indispensables pour gagner le respect des artisans sans lesquels la maison ne saurait prospérer. Et elle s'étend aujourd'hui de New York à Moscou, de Hongkong -visionnaire, le joaillier italien s'y installe dès 1970 - à la place Vendôme. Gianmaria Buccellati est d'ailleurs le premier artiste étranger admis au sein de la haute joaillerie française.

Créé par Mario, le style Buccellati perdure et s'étoffe, illustrant un savoir-faire transmis, pour certains artisans, depuis maintenant quatre générations. Roberto apprend ainsi à son fils Cristiano l'art de chantourner, soit découper l'or mat pour obtenir de minuscules alvéoles qui seront repercées une à une avant d'être serties à la main. A l'atelier de sertissage, il n'est pas rare d'utiliser pour l'or blanc la technique ancestrale de la lumière projetée à travers un vase rempli d'eau. Nicolas, le responsable de l'atelier de gravure, est intarissable sur cet art particulier, coutumier des techniques de la Renaissance. Pour une manchette, la gravure Rigato permet par exemple d'inciser l'or, ligne après ligne, pour un effet soie éclatant emblématique.

Sans jamais déroger, Gianmaria Buccellati, rejoint par son fils Andrea, enrichit les collections au gré de ce que lui suggèrent les pierres. Il y a vingt ans, un vendeur lui propose 66 diamants non taillés, le joaillier refuse, puisque n'étant pas tailleur de diamants. Mais, une fois les pierres dans sa main, elles lui « crient » de les laisser en l'état. Ainsi naît le collier Anémone.

Aujourd'hui, le joaillier « devient fou » devant des pierres provenant de nouvelles mines aux couleurs exceptionnelles. Une tanzanite violine magnétique, deux aigues-marines ovales évocatrices de l'empyrée, une améthyste pourpre en cabochon. Mais s'enflamme aussi pour deux péridots vert olive éclatants, une fibrolite chatoyante comme la pupille d'un chat, une rarissime tourmaline Paraiba bleu-vert vif, cinq délicates kunzites lilas ou une pierre de lune nacrée aux reflets céruléens. Pour chacune d'entre elles, Gianmaria Buccellati dessine une monture inédite, offrant une éblouissante démonstration d'orfèvrerie.

Gabrielle de Montmorin

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