Équitables et fabuleux

La joaillerie est une industrie de luxe – nous parlons ici des créations hors de prix dessinées exclusivement pour ceux qui peuvent se les payer. Parce que le secteur a toujours été étroitement lié à l'exploitation, de la main-d'œuvre comme des pierres et des métaux, amener les gens à penser bijoux écolos est une tâche difficile.

Les pierres sont minuscules, mais valent pourtant des fortunes. Faciles à trans­porter, elles sont par conséquent très convoîtées par les contrebandiers, ce qui les place souvent à l'origine de con­flits violents. Des projets permettant le développement des communautés locales grâce à la création d'emplois et d'un terreau fertile pour la créativité pourraient changer la donne.

De mondial à local
Pippa Small œuvre un peu partout dans le monde. En Afghanistan, sa compagnie soutient l'enseignement des habiletés traditionnelles et, en Bolivie, elle fait la promotion des mines d'or éthiques.

Choisir de s'implanter localement dans des endroits rongés par la pauvreté, mais pourtant débordants de talent n'est pas une fantaisie. Plusieurs régions ayant une tradition forte se voient menacées par la baisse de la demande. Promouvoir le développement communautaire tout en favorisant la préservation des arts traditionnels en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud devrait être un but à long terme, une vision.

Une autre école de pensée, soutenue par Solange Azagury-Partridge, designer de bijoux de luxe basée à Londres, vise à inciter les pays occidentaux, comme le Royaume-Uni, la Russie, la France et les États-Unis, pour ne nommer que ceux-là, à promouvoir leur propre industrie en évitant la sous-traitance.

«Je m'assure d'employer des travailleurs locaux, dé­clare Mme Azagury-Partrid­ge. Si on fait de la sous-traitance, combien d'emplois restera-t-il ici en joaillerie?»

L'inné et l'acquis
«Travailler avec les joyaux dans leur forme la plus pure signifie enlever tout le superflu pour ne garder que la pierre», explique Mme Small. Les pierres non taillées, particulièrement les diamants, ont une lumière plus naturelle et des formes créées par la nature pendant des milliers d'années, et pas simplement taillées au couteau.

Pippa Small travaille avec une coopérative basée en Bolivie qui extraie de l'or jusqu'à 24 carats, plus malléable.

Chic
Les bijoux restent, au final, des produits de pur luxe, peu importe d'où ils viennent. Comprendre les bénéfices à long terme, de la lutte contre la pauvreté à la consolidation de la confiance des artisans, est important quand on regarde l'étiquette de prix. Dans le cadre de nombreux projets, Mme Small a travaillé avec des gens vivant dans la misère et a vu comment ces artisans, qui ont été la cible de discrimination pendant des générations, peuvent, grâce à la joaillerie, créer de jolis objets tout en gagnant un revenu décent et le respect de leurs concitoyens.

L'avenir du commerce équitable et des bijoux écolos est toujours en suspens. Même si des joaillers et des designers tels que Pippa Small et Solande Azagury-Partridge s'en font un point d'honneur, l'industrie garde son image d'exploiteuse. 

Romina Mcguinness

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