La fièvre du diamant gagne la Chine


L
es quelque 3 200 exposants, dont 400 diamantaires, arrivés au "Salon des pierres et des bijoux" avec sacs, caisses, valises de perles et de pierres précieuses en tout genre sont unanimes : il faut être à Hongkong. Et pour satisfaire la demande toujours croissante, UBM, l'organisateur de ce salon, a augmenté de 25 % l'espace disponible. C'est désormais sur 120 000 mètres carrés que s'étalent les richesses : une caverne d'Ali Baba de la taille de 20 terrains de football... Certains acheteurs de perles trient des lots du bout des doigts, consciencieusement penchés derrière une loupe. D'autres les achètent au kilo.

Face à de telles quantités, la notion de préciosité se brouille... "La quasi-totalité du stock de diamants d'Anvers serait ici", indique un proche des diamantaires anversois. Hormis le fait que certaines pièces valent "plus de 50 millions de dollars", les organisateurs ne donnent pas de détails sur la valeur cumulée des produits exposés. Le chiffre de 5 milliards de dollars circule toutefois parmi les exposants ; il viendrait des transporteurs et des assureurs.

C'est la particularité de l'ancien territoire britannique : "Vous pouvez arriver à Hongkong avec les poches pleines de diamants et repartir avec des valises pleines de billets", déclare Cliff Wallace, le directeur du centre des conventions. Hongkong n'impose en effet aucune taxe ni contrôle aux frontières sur l'entrée ou la sortie pour ce type de biens, ce qui en fait une place d'échange idéale, d'autant qu'on est à deux pas de la Chine - dont Hong Kong fait officiellement partie depuis la rétrocession de 1997, tout en jouissant d'une autonomie relative jusqu'en 2047.

"Le succès de ce salon reflète l'énorme potentiel de croissance de cette partie du monde", indique Freddy J. Hanard, le directeur de "Anvers centre mondial du diamant", qui prévoit une croissance de 30 % par an sur le marché chinois.

"Carrément débordés"

"Au Japon, depuis une trentaine d'année, le cadeau de fiançailles est progressivement passé du kimono de luxe au diamant. La Chine va elle aussi y venir", juge Roland Lorié, directeur de l'IGI, l'un des deux cabinets d'expertise de diamants reconnus mondialement, qui a installé au centre du pavillon des diamantaires un laboratoire "de campagne". "Nous recevons ici des pierres à expertiser du matin au soir. Et dans notre laboratoire en ville, nous sommes carrément débordés", note Marc Brauner, expert en chef de IGI.

Faut-il y voir un signe annonciateur de reprise ? "C'est bizarre, constate Shlomo Tidhar, consultant pour Galaxy Diamond expertise, spécialiste des diamants de couleurs, notre secteur a été le premier à ressentir les effets d'une crise, mais nous sommes aussi les premiers à sentir les effets d'une reprise. Dès que les gens ont à nouveau un peu trop d'argent, ils pensent à l'or et aux diamants."

Florence de Changy (Hongkong, correspondance)
 
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