Le marché reste porteur pour le diamant de couleur

Chaque été voit le retour de belles ventes de bijoux sur la Côte d'Azur. Les commissaires-priseurs désirent capter les enchères des différents nababs en villégiature. Parmi les pièces proposées, des diamants de couleur. L'engouement pour ces pierres est toujours aussi fort : ainsi, un diamant jaune de plus de 6 carats a été adjugé à 88 416 euros, en juillet 2008, par l'étude de Me Tajan à Monte Carlo.

C'était certes avant l'accentuation de la crise. Depuis, comme nous l'avions indiqué dans le no 26 de MoneyWeek, le cours du carat s'est effondré à Anvers. Et, face à l'atonie de la demande, le groupe sud-africain De Beers a pris des mesures de chômage technique pour plusieurs mines.

Bien que, durant cette crise, le diamant en tant que valeur refuge fasse pâle figure face à l'or, un compartiment particulier – les gemmes de couleur – parvient à tirer son épingle du jeu dans ce marasme. En mai, Sotheby's a adjugé bien au-delà des estimations un diamant bleu de 7,03 carats, pour la coquette somme de 9,5 millions de dollars, ce qui, pour une pierre fine, constitue un record mondial de vente au carat. En revanche, pour des gemmes de ce type, il ne s'agit pas de l'enchère la plus élevée ; le record est toujours détenu par un diamant classique incolore, de taille imposante (100 carats !) : en 1995, à Genève, il a été adjugé à 16,5 millions de dollars.

L'écrasante majorité des diamants vendus dans le monde sont transparents ou très légèrement teintés, mais des variétés de cette pierre peuvent se décliner en de multiples couleurs (bleu, rouge, jaune, vert, noir, etc.). Un diamant pur, composé de carbone, sera normalement incolore ; hormis les gemmes noires, composées de pur carbone graphite, la couleur est due à des défauts et à des impuretés. La teinte verte est ainsi provoquée par l'uranium, l'azote donne du jaune, etc.

Les diamants de couleur sont appréciés depuis longtemps – les maharajas indiens et les cours royales européennes les convoitaient particulièrement. Le célèbre diamant Hope, de teinte bleue (actuellement au Smithsonian Institute de Washington), ornait les trésors de la couronne de France, avant qu'il ne soit dérobé au cours de la Révolution française.

Engouement en nette hausse
Mais l'engouement pour ces pierres de couleur semble en nette hausse depuis vingt ans et, malgré la crise, le marché est toujours porteur. Les raisons en sont multiples : ces diamants sont plus rares, d'où de fortes tensions sur les prix. Ces gemmes se situent dans l'évolution du goût actuel – les grands joailliers veulent proposer des créations plus colorées, originales et chatoyantes. La demande en provenance d'Asie et du Moyen-Orient est forte, surtout de la part des nababs des pays pétroliers. A cet égard, le sultan de Brunei en posséderait l'une des plus belles collections au monde.

A partir de ce constat, il n'est guère étonnant que les prix explosent. Un diamant jaune s'est ainsi vendu 4,6 millions de dollars en mai 2007. Certes, la pierre, imposante (82 carats), a appartenu à La Païva, célèbre courtisane du second Empire, mais des pierres plus modestes, sans intérêt historique, atteignent néanmoins des prix canons : un diamant rouge, de 2,26 carats, a été ainsi adjugé à 2,6 millions de dollars en novembre 2007 par Christie's, tandis qu'une pierre de coloration verte, de petite taille (0,90 carat), a atteint 662 500 $, de surcroît il y a dix ans !

Toutes les couleurs ne présentent pas le même effet rareté et certaines sont plus recherchées que d'autres.

Le vert et le rouge sont le plus prisés ; le jaune, plus courant, suscite moins d'intérêt. A l'intérieur d'une même teinte, les nuances sont infinies ; ainsi, pour les diamants roses, il existe une nomenclature variée (rose saumon, rose-orange, etc.). Seules les pierres classées dans la catégorie rose pur sont véritablement appréciées.

Les critères d'achat ne sont d'ailleurs pas les mêmes que pour les diamants classiques : une pierre incolore doit être la plus transparente possible et dénuée d'inclusions. Un diamant de couleur ne sera apprécié que si sa teinte est soutenue et intense ; les inclusions, qui donnent à la pierre son originalité, sont davantage tolérées.

Les grandes ventes aux enchères de gemmes de couleur ont lieu essentiellement à Genève et, dans une moindre mesure, à New York et à Londres. C'est essentiellement à partir de ces places que les maisons de ventes anglo-saxonnes, établies à Paris, ventilent leurs bijoux. Toutefois, des prix intéressants peuvent être obtenus en France : en avril, un diamant jonquille de 10 carats a été adjugé à 145 000 euros à Drouot. Bien sûr, il se peut que des pièces soient proposées à un prix beaucoup plus modéré, surtout pour le jaune. Un brillant de ce type, de 1 carat, peut être acquis à partir de 3 000 euros en vente publique, tandis que des pierres de taille plus modeste (environ un demi-carat) sont proposées sur Internet pour quelques milliers d'euros, parfois moins...

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