La haute couture parisienne entre en résistance


Spectaculaire mais depuis des années victime d'une crise structurelle, la haute couture parisienne tentera de reprendre des couleurs à l'occasion des présentations des collections pour le printemps/été prochain prévues de lundi à mercredi dans la capitale.

Des 11 maisons ayant droit à l'appellation protégée "haute couture", seule la griffe Christian Lacroix est absente du calendrier. La maison de couture reste dans l'incertitude quant à son avenir après avoir présenté un dernier défilé hommage le 7 juillet dernier.

Les dix autres maisons ont toutes répondu présent et défileront en rang serré, lundi pour Anne-Valérie Hash, Christian Dior et Adeline André. Elles seront suivies mardi par Chanel, Stéphane Rolland, le designer italien Maurizio Galante, Dominique Sirop et Givenchy. Franck Sorbier et Jean-Paul Gaultier fermant la marche mercredi.

Douze membres "invités" s'ajoutent à cette liste: ces jeunes talents devront en toute logique être adoubés dans le futur pour devenir les grands noms de demain.

Parmi les plus prometteurs figurent Christophe Josse, le Belge Jean-Paul Knott, le duo Lefranc-Ferrant, le Libanais formé à Paris Rabih Kairouz ou encore, ouvrant le bal dimanche soir, Josephus Thimister. Ce dernier, qui présente un vestiaire mixte, servant de "pont" entre le calendrier de la mode masculine et celui de la couture.

La haute couture fera aussi front commun avec la haute joaillerie, autre fer de lance du luxe français. Ainsi, les prestigieuses maisons Boucheron, Cartier, Chanel Joaillerie, Chaumet, Dior Joaillerie, Mellerio Dits Meller et Van Cleef & Arpels présenteront leur collection à la presse jeudi.

Pour tenter d'endiguer la crise que traverse le secteur, le ministre en charge de l'Industrie Christian Estrosi (ministre de tutelle) devrait rencontrer lundi Anna Wintour, rédactrice en chef du "Vogue" américain et considérée comme la "papesse" de la mode, pour "discuter des initiatives françaises en faveur de la mode et du luxe", mais aussi "échanger sur les approches américaines et françaises pour de promotion des jeunes créateurs", a annoncé le ministère.

Interrogé par l'Associated Press, Donald Potard, consultant du cabinet spécialisé Agent de luxe, s'étonne que l'on "prenne conscience aujourd'hui qu'en France, c'est toute l'industrie textile et celle de la création" qui sont "aux abois".

"C'est aussi une gifle à la presse française, qui contrairement à ce que fait son homologue américaine, ne soutient pas et n'accompagne pas la création", note-t-il. Donald Potard pointe aussi la situation ubuesque qui consiste "à demander conseil aux Américains pour régler une problématique franco-française, d'abord due à un manque de volonté politique et de pragmatisme".

En attendant, même en crise, la mode reste généreuse. Jeudi soir, au Pavillon d'Armenonville, cette semaine fiévreuse se clôturera en apothéose avec le Dîner de la Mode au profit de Sidaction. L'édition 2009, qui avait levé 700.000 euros a permis de financer cinq postes de techniciens de laboratoire pendant un an et de prendre en charge 600 orphelins du SIDA.

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