La flambée de l'or, une mauvaise nouvelle de plus pour les joailliers et les horlogers

Est-ce que l'envolée du cours de l'or affecte la bijouterie et la joaillerie ? Le cours du métal jaune a augmenté de plus de 25 % depuis début juillet pour atteindre mercredi 18 novembre un record historique de 1 150 dollars l'once. Depuis mi-janvier, son cours le plus bas de l'année, l'or a grimpé de 40,71 %.

Le dernier rapport du Conseil mondial de l'or affirme que la demande mondiale a reculé de 34 % au troisième trimestre, cette hausse spectaculaire ayant pesé sur les flux d'investissement et les achats de bijoux dans des marchés-clés comme l'Inde et le Moyen-Orient. Les achats d'or y ont respectivement chuté de 42 % au troisième trimestre à 11,6 tonnes et de 34 % à 69 tonnes.

Bernard Fornas, président de Cartier International, premier joaillier mondial et filiale du groupe suisse Richemont, affirme que "la hausse de l'or n'a pas encore d'impact sur Cartier, dans la mesure où, à la valeur de l'or, s'ajoutent celles très importantes de la façon (la main-d'oeuvre) et des pierres". En janvier 1981 se souvient-il, le cours de l'or avait flambé, à plus de 850 dollars l'once, ce qui avait incité Cartier à sortir des montres en version or et acier. L'actuel élargissement de la collection des Must, les bijoux et l'horlogerie d'entrée de gamme, prévu de longue date, n'est pas lié à la hausse du coût de l'or.

MESURES D'URGENCE

Elle tombe mal en tout cas pour les joailliers et les horlogers qui souffrent de la crise. Ou en tout cas en ont fini avec des croissances à deux chiffres de leur ancien âge... d'or. Richemont (qui englobe outre Cartier, Piaget, Jaeger-LeCoultre, Baume & Mercier...) a annoncé mi-novembre un recul de 15 % de ses ventes semestrielles à 2,37 milliards d'euros et une chute de 36 % de son bénéfice avant impôts. Selon M. Fornas, Cartier, grâce à ses positions géographiques fortes notamment en Asie, bénéficie d'une forte résistance à la crise.

Chez LVMH, les résultats semestriels publiés en juillet s'étaient révélés particulièrement douloureux dans les montres et la joaillerie avec une baisse de 34 % des ventes à 346 millions d'euros à structure et taux de change comparable et une dégringolade de 74 % du résultat opérationnel net à 20 millions d'euros. Les grands groupes souffrent. Les petits encore plus.

L'Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles (UFBJOP), qui représente 3 600 entreprises en France et quelque 12 000 salariés, fait état de très nombreux ateliers en grande difficulté. Ces toutes petites structures ont beaucoup de mal à conserver leurs employés. Des mesures d'urgence viennent d'être prises par le gouvernement pour la mise en place de chômage partiel de longue durée dans ces ateliers. L'UFBJOP se félicite aussi de la création d'un fonds de formation continue pour certains professionnels comme les sertisseurs et les polisseurs.

Dans ce contexte assez tendu pour les bijoutiers, le Sénat, mobilisé par la sénatrice Catherine Dumas (UMP, Paris), a rejeté le 13 novembre un amendement au projet de la Sécurité sociale pour 2010, qui visait à taxer les ventes de métaux précieux, de bijoux, d'objets d'art et d'antiquités.

Nicole Vulser
 
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